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TotalEnergies, Shell... Les principaux groupes pétroliers ont dégagé des bénéfices records en 2022

Les cinq majors pétrolières ont dégagé plus de 150 milliards de dollars de bénéfices en 2022. Du jamais vu.

140 euros le baril de Brent en mars 2022, un prix du gaz multiplié par 15 par rapport à son niveau habituel, à 350 euros le mégawattheure l’été dernier en Europe… Profitant à plein de l'escalade des cours alimenté par le rebond de la demande et par la guerre en Ukraine, les groupes pétroliers ont engrangé des bénéfices exceptionnels en 2022.

Au total, les bénéfices des cinq majors (Shell, Chevron, ExxonMobil, BP et TotalEnergies) ont dépassé les 150 milliards de dollars en 2022. Des résultats considérables qui relancent le débat sur la taxation des "superprofits". Tour d’horizon.

• Total Energies: 20,5 milliards de dollars

En 2022, TotalEnergies a dégagé le bénéfice le plus important de son histoire. Le groupe français, cinquième groupe pétrolier privé mondial, a dévoilé ce mercredi un bénéfice net de 20,5 milliards de dollars (19 milliards d’euros), soit encore mieux que les 16 milliards enregistrés en 2021, son record précédent.

En France, où l’activité de TotalEnergies était déficitaire depuis plusieurs années, son bénéfice a atteint 350 millions d’euros l’an passé après déduction du rabais de 550 millions d’euros accordés aux automobilistes face à la flambée des prix à la pompe.

• Shell: 40 milliards de dollars

En dégageant 40 milliards de dollars (36,33 milliards d’euros) de bénéfice en 2022, le groupe britannique Shell a fait deux fois mieux qu’en 2021 et dépassé de loin le précédent record de 31 milliards de dollars en 2008.

• BP: 27,6 milliards de dollars

Le groupe pétrolier BP a fait état mardi d'un bénéfice record de 27,6 milliards de dollars (25,72 milliards d'euros) pour l'année 2022. Un chiffre à comparer aux 12,82 milliards de dollars de 2021.

• Exxon: 55,7 milliards de dollars

L’américain Exxon a également dévoilé des profits records pour 2022. Sur cet exercice, la major pétrolière a dégagé un bénéfice de 55,7 milliards de dollars, contre 23 milliards de dollars en 2021. C’est aussi 10 milliards de plus que le précédent record, qui remontait à 2008.

• Chevron: 36,5 milliards

La major pétrolière américaine Chevron a dégagé 36,5 milliards de dollars de bénéfice net en 2022, plus du double de l'année précédente. Le groupe, qui a publié vendredi dernier ses résultats trimestriels et annuels, bat de près de 10 milliards de dollars son précédent record, établi en 2011.

• Equinor: 28,7 milliards

Le géant norvégien de l'énergie Equinor a lui aussi publié des résultats records pour 2022 grâce à la flambée des cours. Son bénéfice net a en effet plus que triplé l'an dernier pour atteindre 28,7 milliards de dollars.

Joe Biden dénonce des bénéfices "scandaleux"

En pleine crise énergétique et climatique, ces résultats mirobolants ne sont pas passés inaperçus. Mardi, Joe Biden a lui-même jugé ces bénéfices "scandaleux". D’autant que si les prix du gaz et du pétrole ont baissé depuis les pics atteints en 2022, de nouvelles hausses pourraient survenir en 2023, "car la guerre en Ukraine est loin d’être terminée", explique à l’AFP Adi Imsirovic, chercheur à l’Oxford Institute for Energy Studies.

La manne amassée par les majors crée pour l'heure un casse-tête dans la classe politique de tout l'Occident, sur fond de crise du coût de la vie. "Je fais ma part pour faire baisser les prix, il est temps que Big Oil fasse la sienne", s'était déjà emporté le Joe Biden sur Twitter, la semaine dernière.

En France, l'annonce ce mercredi des bénéfices de TotalEnergies devrait encore nourrir le débat pour davantage taxer ces "superprofits". En Grande-Bretagne, le gouvernement a introduit en mai 2022 une taxe sur les bénéfices énergétiques exceptionnels, tout comme l'Union européenne fin septembre, avec une "contribution temporaire de solidarité", attaquée en justice par Exxon.

Joe Biden veut quadrupler la taxe sur les rachats d'actions

Si le rebond de la demande après la pandémie de Covid-19 avait déjà profité aux majors en 2021, tout s'est emballé en 2022: les prix se sont envolés en raison du conflit en Ukraine, des sanctions occidentales visant Moscou et de la diminution des exportations russes.

Les compagnies pétrolières investissent certes de plus en plus dans le solaire, l'éolien et autres énergies renouvelables "mais pas autant que le montant qu'elles versent aux actionnaires", souligne David Elmes, professeur à la Warwick Business School, alors que BP freine sa transition énergétique. C'est d'ailleurs pour cette raison que Joe Biden a dit vouloir faire passer la taxe sur les rachats d'actions entrée en vigueur en janvier de 1 à 4%.

Et maintenant? "Les prix vont à mon avis augmenter du fait de l'embargo pétrolier imposé par l'Occident sur la Russie (...) donc ces entreprises seraient autant profitables en 2023 qu'en 2022", reprend Moez Ajmi. D'autant que les compagnies pourront compter sur une demande "clairement encore au rendez-vous surtout avec le renoncement de la politique zéro Covid en Chine".

Or cette demande en gaz et pétrole reste soutenue par les dizaines de milliards de subventions pour les factures des consommateurs, qui "ne font que prolonger la crise", estime Adi Imsirovic. A vouloir "subventionner les combustibles fossiles (...) la demande continue de croître au lieu de baisser" alors que "le meilleur remède contre les prix élevés sont les prix élevés", ajoute-t-il. Pour le chercheur, les gouvernements de l'UE devraient d'abord se contenter d'aider "les plus pauvres".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco