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Relaxés pour des coupures de courant, deux militants de la CGT seront rejugés

Des câbles électriques dans un centre de conduite régionale d'Enedis, près d'Orléans, le 22 novembre 2022

Des câbles électriques dans un centre de conduite régionale d'Enedis, près d'Orléans, le 22 novembre 2022 - Eric PIERMONT © 2019 AFP

Poursuivis pour mise en danger de la vie d'autrui et dégradation aggravée du bien d'autrui, les deux syndicalistes de la CGT Energie avaient été relaxés par le tribunal correctionnel en janvier

Deux militants de la CGT relaxés pour des coupures d'électricité à Bordeaux lors de manifestations contre la réforme des retraites au printemps 2023 vont être rejugés, a-t-on appris mardi auprès du parquet, qui a fait appel.

Poursuivis pour mise en danger de la vie d'autrui et dégradation aggravée du bien d'autrui, les deux syndicalistes de la CGT Energie avaient été relaxés par le tribunal correctionnel en janvier, alors que le ministère public avait requis contre eux des peines de 18 mois de prison avec sursis.

Dans sa décision, le tribunal avait notamment estimé que la présence des deux salariés d'Enedis dans le local électrique n'était pas "démontrée" et qu'aucune dégradation n'avait été commise par les manifestants au moment de couper l'alimentation.

Un hôpital privé d'électricité

"Ils font appel, il y aura une nouvelle audience, dont acte", a réagi auprès de l'AFP Me Magali Bisiau, avocate des deux syndicalistes, disant voir dans ce recours le reflet de l'importance "politique" du dossier.

"Le parquet a considéré qu'il fallait faire appel en dépit de la motivation du jugement (de première instance), qui a été bien jugé, bien motivé", a-t-elle estimé.

"Ils veulent quand même aller jusqu'au bout en estimant qu'il ne faut pas laisser passer ce type de relaxe, parce que ça peut avoir des effets sur d'autres mouvements sociaux" et "faire jurisprudence", a-t-elle analysé.

En mars 2023, des coupures volontaires, partiellement revendiquées par la CGT Energie, avaient affecté plusieurs milliers de clients à Bordeaux. La mairie, le tribunal judiciaire et un hôpital avaient été privés d'électricité.

Pour le ministère public, ces coupures étaient "un objectif syndical prémédité", validé en amont en assemblée générale, et avaient exposé les patients "à un risque de mort ou de blessure".

L'hôpital Saint-André avait estimé que ses patients placés sous respirateur avaient été mis en danger entre le moment où l'électricité avait été coupée et le moment, quelques minutes plus tard, où un générateur avait pris le relais.

Les deux prévenus, dont le secrétaire départemental de la CGT Energie Christophe Garcia, avaient réfuté à l'audience avoir fait partie des personnes ayant pénétré dans le poste électrique.

Selon leur avocate, ces deux salariés, "très touchés" par les poursuites judiciaires, sont par ailleurs sous le coup d'une procédure disciplinaire engagée par Enedis.

"Ça les a vraiment impactés, eux et leur famille", a-t-elle fait valoir. "Ils ont l'habitude du combat syndical, mais ils ont été marqués. Et là, ils ont un futur combat qui s'appelle le conseil de discipline", programmé en février, a-t-elle conclu.

AKM avec AFP