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Pourquoi le nucléaire "n'est pas une technologie morte", selon SIA Partners

Invité sur le plateau de Good Morning Business, Quentin Dérumaux, associé au sein de SIA Partners, a tenu à défendre une filière qu'il convient avant tout de "réveiller" en matière de constructions.

Un audit indépendant réalisé par l’industriel Jean-Martin Folz sur la filière nucléaire et notamment la construction de l'EPR de Flamanville doit être remis ce lundi matin au ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Un document que Bercy attend avec une impatience non dissimulée. Il y a quelques mois, le ministre de l'Economie estimait que les "incidents à répétition" survenus dans le cadre du chantier de l'EPR de Flamanville n'étaient ni "acceptables", encore moins "compréhensibles". Ce lundi sur RTL, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a enfoncé le clou, appelant la filière nucléaire à "se ressaisir vite". 

Depuis le lancement du chantier, l'EPR de Flamanville a vu sa facture totale quadrupler pour atteindre 12,4 milliards d'euros. En plus de son surcoût - lié notamment à des soudures non-conformes à réparer - sa construction affiche aujourd'hui un retard de dix ans. D'où cette question: la filière nucléaire française a-t-elle encore un avenir? Pour Quentin Dérumaux, associé au sein de SIA Partners, qui était invité ce lundi sur BFM Business dans l'émission Good Morning Business, il importe de relativiser les difficultés de l'EPR de Flamanville.

"Il a fallu réveiller une filière"

"Il a fallu évidemment réveiller une filière qui n'avait pas construit de réacteurs depuis longtemps", défend l'associé de SIA Partners. Et de préciser: "Je pense que si le rapport de tout à l'heure se concentre simplement sur des questions de responsabilités et dans une logique finalement purement de sanctions, il aura manqué sa cible. L'enjeu c'est plutôt de s'assurer que Flamanville - qui a vocation à être une tête de série, à être quelque chose sur lequel on apprend – (…) L'enjeu c'est de s'assurer que les enseignements sont correctement tirés" pour définir ensuite la future trajectoire à suivre.

En outre, selon Quentin Dérumaux, toute l'ambition de ce rapport rendu ce lundi porte essentiellement sur le fait de démontrer que la France est aujourd'hui "capable d'envisager un EPR à un coût et des délais optimisés".

Le coût du nucléaire en question

Sauf qu'avec la concurrence des énergies renouvelables, comme le solaire et l'éolien, les coût du nucléaire sont pointés du doigt. Si on y ajoute les problèmes de sécurisation des sites, certains observateurs vont même jusqu'à considérer que le nucléaire ferait aujourd'hui figure de "technologie morte". Ce que Quentin Dérumaux conteste.

"Ce n'est pas une technologie morte et je pense que les succès notamment de l'EPR en Chine à Taïshan montrent que la technologie fonctionne et que c'est possible de lancer ces projets-là. (…) La question du coût du nucléaire, elle ne peut pas s'apprécier sur des têtes de série comme Flamanville dans la mesure où le coût n'est pas encore optimisé. Je pense qu'il faut regarder l'équation dans son ensemble et on ne peut pas aujourd'hui avoir une trajectoire crédible de réduction des émissions sans s'appuyer sur l'énergie nucléaire", estime-t-il.

J.C-H