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Véran contre l'interdiction des jets privés "créateurs d'emplois": "Cela ne va pas refroidir la planète"

Le porte-parole du gouvernement se refuse à une mesure drastique, dans la lignée de celle proposée par l'opposition écologiste. Et plaide pour une "concertation" européenne.

Le gouvernement s'interdit d'interdire les jets privés. Olivier Véran, invité de France Inter ce mardi, a renouvelé la position déjà esquissée par le ministre des Transports Clément Beaune ce week-end.

Il a estimé logique la protestation publique émergeant ces dernières semaines, à l'égard des usages excessifs des jets réalisés par les milliardaires et autres célébrités, du monde des affaires à celui du show-business. L'industriel Vincent Bolloré avait par exemple réaliser cinq vols en l'espace d'une seule journée, émettant par la même occasion l'équivalent de près d'une année entière d'émissions de CO2.

Le jet a valeur de symbole, et les symboles sont importants. "Il ne faut pas que les Français aient le sentiment que ce sont toujours les mêmes à qui l'on demande des efforts. (...) Ils peuvent être heurtés que certains de leurs concitoyens prennent des jets privés pour faire des sauts de puce", a souligné Olivier Véran.

Pour autant, le porte-parole du gouvernement a réitéré son intention de ne pas toucher à la réglementation concernant ce mode de transport. Il s'oppose ainsi à l'écologiste Julien Bayou, qui a expliqué vouloir déposer un projet de loi pour interdire les trajets en jet.

Mais les jets privés sont souvent des transports commerciaux, avec une grande réactivité: c'est créateur d'emplois, il ne s'agit pas d'interdire cela", a expliqué Olivier Véran. "L'usage privé des jets privés est une toute partie de l'usage du jet, qui est lui-même une toute petite partie de l'usage de l'avion, qui représente une toute partie des émissions. Cela ne va pas refroidir la planète."

En France, l’European Business Aviation Association (EBAA) a comptabilisé 243 189 mouvements d'avion en France (départs et arrivées). Cela représente, à titre d'échelle, la moitié des vols passant par Paris-Charles de Gaulle chaque année, ou approximativement 5 à 10% du trafic national total. L'aviation, quant à elle, pèse pour 2,5% des émissions planétaires.

Compensation carbone

Clément Beaune a assuré ce week-end dans Le Parisien vouloir mettre fin à des comportements "qui ne passent plus", compte tenu de l'impératif écologique.

"Sans tomber dans la démagogie ni dans la chasse ad hominem, il y a un certain nombre de comportements qui ne passent plus. Il existe des motifs d’urgence, des impératifs économiques, mais ça ne peut pas être un mode de déplacement individuel de confort, alors que la mobilisation générale engagée par le président nécessite que tout le monde fasse des efforts."

Mais il a aussi estimé que le plus efficace était d'agir à l'échelle européenne. Une concertation devrait être ouverte avec les ministres des Transports du Continent. Olivier Véran a estimé que cette "concertation peut avoir du sens", en appuyant notamment le recours à la compensation carbone: mais cette méthode, décriée pour ses tendances au "greenwashing", ne doit être consacrée qu'aux émissions résiduelles, c'est-à-dire incompressibles.

Valentin Grille