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Energie

Guerre en Ukraine: l'AIE appelle à réduire rapidement la consommation de pétrole

L'Agence internationale de l'énergie a dévoilé ce vendredi des mesures de sobriété pour faire face au risque de choc de l'offre du au conflit en Ukraine.

Baisser la vitesse sur route, télétravailler, rendre les transports publics moins cher: l'AIE a dévoilé vendredi des mesures pour réduire rapidement la consommation de pétrole, face au risque de choc causé par l'invasion russe en Ukraine.

L'ensemble de ces 10 mesures permettrait de réduire la consommation de pétrole de 2,7 millions de barils par jour en quatre mois, l'équivalent de la consommation de toutes les voitures en Chine, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

L'AIE suggère donc de baisser d'au moins 10 km/h la vitesse autorisée sur autoroute, travailler de la maison jusqu'à 3 jours par semaine si possible, ou encore d'organiser des dimanche sans voiture dans les villes.

Parmi les autres mesures: baisser le prix des transports publics et encourager la marche et le recours au vélo, utiliser le train plutôt que l'avion si possible ou encore renforcer l'adoption des véhicules électriques.

Barbara Pompili, la ministre française de la Transition écologique, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, a salué "des idées intéressantes" lors d'une conférence de presse.

En début de semaine, l'agence disait craindre un "choc" sur l'offre pétrolière mondiale, à la suite des sanctions contre la Russie prises après son invasion de l'Ukraine, estimant que les barils russes ne pourront pas être facilement remplacés dans l'immédiat.

L'Opep refuse d'ouvrir les vannes

"La perspective de perturbations à grande échelle de la production russe menace de créer un choc mondial de l'offre pétrolière", écrit l'agence, qui conseille des pays développés sur leur politique énergétique, dans un rapport mensuel.

La Russie est le plus gros exportateur mondial, avec 8 millions de barils par jour (mb/j) de pétrole brut et de produits raffinés à destination du reste du monde.

Si les États-Unis et le Royaume-Uni ont décidé un embargo sur le pétrole russe à la suite de l'invasion de l'Ukraine, le secteur de l'énergie est exclu des sanctions européennes notamment. Toutefois, l'AIE note que de nombreuses entreprises - compagnies pétrolières, courtiers, armateurs, banques - se sont d'elles-mêmes détournées de la Russie.

Elle estime que 3 mb/j de pétrole russe pourraient être indisponibles à partir d'avril, un volume qui pourrait augmenter si les sanctions deviennent plus sévères ou si les condamnations publiques de la Russie prennent de l'ampleur.

Face à ces pertes, "il y a peu de signes d'une augmentation de l'offre provenant du Moyen-Orient ou d'une réallocation significative des flux commerciaux", note l'AIE.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés au sein de l'Opep+, dont la Russie, se refusent à augmenter leur production pour soulager le marché, s'en tenant à un relèvement graduel de 400.000 barils par jour chaque mois.

Les pays disposant de capacités de production supplémentaires - l'Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis - ne manifestent aucune volonté d'ouvrir plus le robinet, tandis que la perspective d'un retour de l'Iran, dans le cadre d'un possible accord sur le dossier nucléaire, ne sera pas immédiate.

L'AIE estime que les exportations iraniennes pourraient augmenter d'environ 1 mb/j sur six mois, donc pas assez pour compenser la perte du pétrole russe.

Le Venezuela - avec lequel Washington a repris le dialogue - ne pourrait pour sa part fournir qu'une contribution "modeste" en cas de levée des sanctions américaines.

Hors de l'Opep+, d'autres pays augmenteront certes leur production - Brésil, Canada, États-Unis et Guyana - mais le potentiel est "limité" à court terme. Les États-Unis ont notamment un potentiel important avec leurs réserves de pétrole de schiste mais cela devrait mettre des mois à se matérialiser.

OC avec AFP