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Energie

Gaz et électricité: le calendrier des hausses de prix en 2024

Dans un contexte de sortie du bouclier tarifaire, les Français sont confrontés à plusieurs augmentations des prix de l'énergie, aussi bien sur le gaz que sur l'électricité.

Un retour de bâton désagréable pour le porte-monnaie des Français. Après la flambée des prix du gaz à l'automne 2021 qui s'était propagée à l'électricité et s'était renforcée avec la guerre en Ukraine, le gouvernement avait mis en place un dispositif pour protéger les particuliers, et les petites entreprises, des répercussions sur leur facture. Le bouclier tarifaire avait ainsi limité la hausse des prix de l'énergie à 4% en 2022 puis à 15% en 2023.

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Mais depuis plusieurs mois, l'exécutif a entamé la sortie de ce dispositif avec une hausse supplémentaire de 10% pour l'électricité dès le mois d'août dernier. Le bouclier tarifaire n'existe d'ores et déjà plus pour le gaz et disparaîtra prochainement pour l'électricité à la faveur de prix en net recul sur le marché de gros.

Lancé dans une chasse aux économies dans le cadre de sa stratégie de désendettement massif jusqu'à la fin du quinquennat, le gouvernement est de nouveau passé à l'action en ce début d'année sur le front de l'énergie. Et d'autres acteurs du secteur devraient appliquer des hausses de tarifs au courant de l'été.

Pour l'électricité, une hausse limitée à 10% au 1er février puis "marginale" cet été

Le gouvernement n'a cependant pas agi par surprise. Dès l'été dernier, il a indiqué qu'une hausse des prix de l'électricité surviendrait le 1er février 2024 tout en insistant sur le fait qu'elle serait limitée à 10%. Contrairement aux précédentes hausses, cette récente augmentation est purement fiscale puisqu'elle correspond au rétablissement partiel de la taxe intérieure sur la consommation finale de l'électricité (TICFE).

Abaissée de 32 à 1 euro le MWh pendant la crise énergétique, cette accise remonte à 21 euros et retrouvera son niveau pré-bouclier tarifaire début 2025. Concrètement, ce relèvement de la taxation se traduit par une hausse moyenne de la facture de 8,6% pour les clients aux tarifs base et de 9,8% pour ceux aux tarifs heures pleines/heures creuses.

Mais la hausse des tarifs de l'électricité du 1er février n'est pas la dernière de 2024. Une autre devrait survenir au 1er août prochain dans le cadre de l'évolution annuelle des tarifs d'utilisation des réseaux publics d'électricité (TURPE). Ce niveau de TURPE a été fixé par la Commission de régulation de l'énergie (CRE) pour une durée de quatre ans entre 2021 et 2025 et est revu chaque 1er août. Il vise notamment à financer les coûts d'entretien de réseau et les investissements des gestionnaires Enedis et RTE.

Selon l'expert de l'énergie de Colombus Consulting Nicolas Goldberg, cette augmentation du TURPE au 1er août 2024 devrait avoir des répercussions "marginales" sur la facture des particuliers. En revanche, elle devrait être nettement plus significative au 1er août 2025 qui marquera le début d'une nouvelle période quadriennale avec des coefficients révisés à la hausse alors qu'Enedis et RTE prévoient des investissements annuels de plusieurs dizaines de milliards d'euros pour le réseau dans les prochaines années.

Une taxe sur le gaz presque doublée en début d'année

La hausse des prix du gaz au 1er février 2024 repose peu ou prou sur le même principe que pour l'électricité. Dans la loi de finances 2024, le gouvernement s'est laissé la possibilité de faire passer à cette date le tarif normal sur l'accise sur les gaz naturels à usage combustible de 8,45 à 16,37 euros le MWh. "Pour la moitié des abonnés au gaz qui ont opté pour une offre tarifaire à prix fixe, le relèvement de l'accise va induire une hausse de la facture de gaz de l'ordre de 8 euros du mégawattheure", expliquait à l'AFP fin décembre Nicolas Goldberg. Les factures individuelles se présentant souvent en kWh, cela équivaut à une hausse de 0,8 centime par kWh.

L'autre moitié des abonnés a signé des offres fondées sur un indice, dit "repère de vente" établi tous les mois par la CRE. Au ministère de l'Économie, on estime que cet indice pourrait baisser, passant de 123 euros/MWh en décembre pour la consommation liée à la cuisson ou l'eau chaude dans la fourchette basse, à une moyenne de 114 euros sur les trois premiers mois de l'année, selon les anticipations de marché à date. Le consommateur ne profitera donc pas de la baisse des cours, puisque la taxe fera que la facture de gaz se maintiendra autour du prix payé en décembre. Le prix actuel est au même niveau que celui de la sortie du bouclier tarifaire, le 1er juillet 2023.

Une nouvelle augmentation entre 5,5 et 10,4% pour les particuliers au gaz en juillet

Pour le gaz aussi, une nouvelle augmentation des prix surviendra pendant la période estivale. La facture de gaz des Français devrait ainsi subir en juillet une nouvelle hausse, liée cette fois à une augmentation du tarif des réseaux de distribution annoncée vendredi par la CRE et le gestionnaire du réseau GRDF. Ce tarif d'utilisation des réseaux (dit "ATRD") augmentera en moyenne de 27,5% au 1er juillet, selon une décision de la CRE prise pour quatre ans. Ce tarif représente les coûts d'acheminement du gaz supportés par GRDF et facturés par les fournisseurs aux consommateurs.

L'impact sur la facture du consommateur résidentiel s'élèvera à +5,5%, soit +7,30 euros TTC par mois pour un client chauffage moyen tel que présenté dans le Prix repère de vente de gaz (PRVG) publié chaque mois par le gendarme de l'énergie. Ce sera +10,4%, soit +2,20 euros TTC par mois sur la facture totale d'un client eau chaude sanitaire/cuisson moyen tel que présenté dans le PRVG. Selon GRDF, la hausse annoncée est pour les trois quarts un effet de report dû aux aléas de la précédente période, au cours de laquelle les coûts ont augmenté.

Timothée Talbi avec AFP