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Framatome mise sur le retour en grâce du nucléaire pour se relancer

L'entreprise qui a vu son image se dégrader après les nombreux déboires de l'EPR de Flamanville entend jouer un rôle majeur dans la construction des nouveaux réacteurs décidée par Emmanuel Macron.

Le salon mondial du nucléaire ouvre ses portes ce mardi à Villepinte (Seine-Saint-Denis), dans la foulée de l’annonce par Emmanuel Macron de la construction de nouveaux réacteurs. Un défi de taille pour la filière française qui repose en grande partie sur une entreprise: Framatome.

Fondée en 1958, elle est le leader mondial des équipements nucléaires. Mais c’est aussi celle qui symbolise les nombreux déboires de l’EPR de Flamanville. Le pari est donc immense pour cette filiale d’EDF qui doit retrouver l’excellence opérationnelle après dix ans d’échecs.

Il faut dire que l’ancien fleuron du nucléaire des années 1980 est tombé en déshérence il y a vingt ans, faute de nouveaux projets. Et pendant dix ans, il a subi les guerres intestines de la filière française, écartelé entre les EPR rivaux d’Areva en Finlande et d’EDF à Flamanville.

Framatome travaille sur la construction de six nouveaux EPR

Des défauts de fabrication, sur la cuve et les soudures en particulier, aux falsifications de compte-rendus de contrôle qualité dans l’usine du Creusot, l’image et la réputation de Framatome ont été lourdement abîmées ces dernières années. Mais l’entreprise entend bien remonter la pente et jouer un rôle majeur dans la relance du nucléaire en France. "Framatome en tant qu’entité dégage du cash, n’a plus de dettes et alloue ses ressources au renforcement de ses capacités humaines et techniques", explique sur BFM Business Bernard Fontana, PDG de Framatome.

"Les compétences sont notre grande priorité avec des recrutements mais aussi des formations (…). Et Framatome investit plus de 200 millions d’euros par an pour renforcer ses sites industriels, en particulier en France, et accélérer la digitalisation des sites", ajoute-t-il. Le groupe dispose en outre d’un carnet de commandes "de plus de 12 milliards d’euros" et "nous procédons à des acquisitions ciblées qui nous permettent de renforcer nos compétences et d’accéder à de nouveaux réacteurs".

Framatome travaille notamment sur le chantier des EPR d’Hinkley Point, en Grande-Bretagne. En France, l’entreprise est partenaire du programme SMR Nuward qui prévoit la construction de petits réacteurs. Elle se prépare de surcroît "depuis des années" à un scénario dans lequel il faudrait "fournir six EPR" pour la France, a déclaré Bernard Fontana.

Reste qu’il faudra sans doute plusieurs années pour remettre d’équerre l’ensemble de la chaine de fabrication des composants nucléaires. Et Framatome n’a désormais plus le droit à l’erreur: il doit redevenir le premier de cordée qu’il était s’il veut réussir le pari de la construction de ces fameux six EPR et celle d’un nouveau porte-avion nucléaire dans les vingt prochaines années.

Matthieu Pechberty avec Paul Louis