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EODev, la start-up bretonne qui a illuminé la Tour Eiffel grâce à de l’hydrogène renouvelable

Mardi soir, l'emblématique monument parisien a été illuminé grâce à de l'hydrogène propre le temps de quelques minutes. A l'origine de cette innovation, la jeune pousse EODev, spécialiste français des solutions d'hydrogène sans émissions.

Le spectacle aura duré moins de cinq minutes, mais il marquera l’histoire de la Tour Eiffel. Mardi soir, la start-up bretonne EODev a réussi son "Paris de l’hydrogène" en illuminant le plus célèbre monument de la capitale grâce à un groupe électro-hydrogène. Un défi jamais relevé auparavant.

Suite logique du projet Energy Observer lancé en 2013 et sur lequel nous reviendrons plus tard, la naissance de la jeune pousse Eodev (Energy Observer Developments) à Saint-Malo en 2019 s’inscrit dans la volonté de son fondateur Victorien Erussard de proposer et démocratiser des solutions d’hydrogène sans émissions de Co2.

Parmi elles, le générateur électro-hydrogène GEH2 d’une puissance de 100kVA. C’est cette innovation produite dans l’Essonne sur le site d’Eneria, filiale du groupe Monnoyeur et partenaire d’Eodev, qui a été utilisée pour illuminer la Tour Eiffel mardi soir. "On utilise l’hydrogène comme un vecteur énergétique. On a tous les avantages de l’électrique sans les inconvénients", expliquait en avril sur BFM Business Jérémie Lagarrigue, directeur général d'EODev.

D’une emprise au sol de moins de 4m², le GEH2 fonctionne à l’aide d’une pile à combustible dernière génération fournie par Toyota, laquelle permet la production d’énergie sans émission de Co2 ni particules fines, le générateur ne rejetant que de l'eau chaude et de l'air filtré.

Le groupe électro-hydrogène d'EODev
Le groupe électro-hydrogène d'EODev © EODev

Une histoire de marins

Avant la Tour Eiffel, l’histoire d’EODev s’est d’abord écrite en mer. Ancien officier de la marine marchande, Victorien Erussard a aussi été skipper sur des courses mythiques telles que la Route du Rhum ou la transat Jacques-Vabre. C’est lors d’une de ces transatlantiques, alors qu’il était en panne de générateur diesel, qu’il a décidé de contribuer à la transition écologique du transport maritime.

En 2013, Victorien Erussard décide de racheter un catamaran –qu’il baptisera Energy Observer- et forme une équipe composée d’ingénieurs, de chercheurs et de marins aguerris. L’idée: parcourir le monde sur ce bateau doté d’une solution hydrogène pour produire et stocker les énergies renouvelables à bord.

La solution embarquée pour une navigation zéro émission d'EODev
La solution embarquée pour une navigation zéro émission d'EODev © EODev

Unique en son genre, le produit séduit et reçoit le soutien de grands groupes comme Accor, Thélem Assurances, Air Liquide ou encore Toyota. En 2017, le bateau est mis à l’eau avant de devenir deux ans plus tard le premier navire à atteindre l’Arctique sans aucune émission, grâce à l’hydrogène et aux énergies renouvelables.

Hambourg, Stokholm, Saint-Petersbourg... Au cours de ses traversées, l’Energy Observer enchaîne les escales. Et pour améliorer ses performances, il est sorti de l'eau chaque année à l'occasion d'un chantier annuel d’optimisation qui lui permet de faire évoluer régulièrement ses technologies. Début 2020, le catamaran a repris la mer depuis Saint-Malo pour un tour du monde qui doit s'achever en 2023.

L'Energy Observer d'EODev
L'Energy Observer d'EODev © Justin L. Stewart

Toyota au capital

En plus du groupe électro-hydrogène GEH2 et de sa solution embarquée pour naviguer sans émission (REXH2), EODev a développé une station flottante de production et de distribution d’hydrogène.

Désormais, la start-up malouine vise l’industrialisation de ses solutions. Pour l'y aider, elle a bouclé fin avril une levée de fonds de 20 millions d’euros et fait entrer son fournisseur Toyota à son capital.

Lauréat d’un appel à l’innovation, EODev jouera aussi un rôle aux Jeux Olympiques de Paris 2024 puisqu’elle sera chargée d’équiper d’un système de propulsion hydrogène les navettes fluviales qui navigueront sur la Seine et dans le port de Marseille. Deux stations flottante de production d’hydrogène à partir de l’eau du fleuve ou de la mer seront également déployées pour l'occasion.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco