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Macron veut que la France aille "deux fois plus vite" sur les projets d'énergies renouvelables

De retour sur la cote après avoir visité le parc éolien off-shore de Saint-Nazaire, le président de la République a pris la parole pour évoquer certaines mesures du projet de loi d'accélération des énergies renouvelables qui sera présenté lundi en conseil des ministres.

Au lendemain de l'assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies à New-York, Emmanuel Macron s'est rendu dans le premier parc éolien français, à Saint-Nazaire. Dans les tuyaux depuis 2008, le projet a enfin achevé l'installation de ses 80 éoliennes qui devraient toutes fonctionner avant la fin de l'année. D'une puissance légèrement inférieure à 500 mégawatts, le site devrait ainsi fournir 20% de la consommation d'électricité du département de Loire-Atlantique.

D’autres pays arrivent à faire des éoliennes en cinq ou six ans donc on doit aller deux fois plus vite", a insisté le chef d'Etat tout en saluant un projet pionnier dans les réponses aux défis du moment.

Ce projet d'envergure constitue en effet un fer de lance de la stratégie de la France en matière d'énergies renouvelables, domaine dans lequel le pays accuse d'un certain retard par rapport à ses voisins. En 2020, l'Hexagone était ainsi le seul pays de l'Union européenne à ne pas atteindre le seuil des 23% de renouvelables dans sa consommation finale brute d'énergie, à 19,1%. Emmanuel Macron a donc choisi ce lieu pour exposer les grandes lignes du projet de loi d'accélération des énergies renouvelables qui sera présenté en conseil des ministres lundi.

Des mesures transitoires sur les quatre premières années d'application

Des premiers éléments du texte était déjà sorti courant août alors qu'il était diffusé à des acteurs du secteur dont le Conseil national de la transition écologique (CNTE). Le projet de loi est composé de 20 articles et comprend notamment des mesures transitoires sur quatre ans. Parmi celles-ci, une évaluation environnementale systématique qui s'appliquerait à partir de seuils plus élevés, une mise en compatibilité des documents d'urbanisme simplifiée ou encore l'extension de la participation du public par voie électronique à davantage de projets.

Emmanuel Macron a profité de son allocution pour réaffirmer son objectif d'une cinquantaine de parc éoliens off-shore d'ici à 2050 et une puissance solaire de 100 gigawatts, le projet de loi vise à accélérer l'instruction des projets de développement d'énergie renouvelable. En moyenne, ces projets aboutissent après cinq ans en raison des délais pour s'assurer du respect conjugué du droit de l'environnement, du droit public et du droit de l'énergie. Pour y remédier, le président de la République a notamment insister sur un engagement des élus qui se fassent le plus en amont possible des projets.

"Simplification, libération du foncier et partage de la valeur"

Il s'agit des trois piliers sur lesquels repose le projet de loi tant attendu. Concrètement, le texte va entre autres limiter la durée totale de contentieux à quelques mois "alors que certains peuvent durer jusqu'à quatre ans aujourd'hui" et réduire les délais d'enquête publique afin de gagner trois à six mois et même un an sur l'éolien en mer.

Nous sommes dans un monde ouvert et compétitif, a rappelé Emmanuel Macron. Si on va plus lentement que nos voisins, on aura plus de problème."

Concernant les projets photovoltaïques, le projet de loi souhaite s'attaquer à l'interdiction d'installation de panneaux à moins de 75 ou 100 mètres des délaissés routiers et autoroutiers tout "en protégeant la beauté de nos paysages". Il ambitionne aussi de faciliter cette installation sur des zones dégradées comme les anciennes décharges. Le texte prévoit aussi la réalisation d'ombrières photovoltaïques sur plus de la moitié de la surface des parkings extérieurs existants de plus de 2.500 mètres carrés. Sur ces deux axes cumulés, la puissance installée pourrait atteindre les 20 gigawatts.

Pour developper l'éolien en mer, le gouvernement vise une réduction des débats publics qui porteraient désormais sur l'ensemble d'une façade maritime et qui ne se tiendraient non plus projet par projet. "Si on veut atteindre nos objectifs, on devra faire de l’éolien sur terre et peut-être ouvrir le jeu car on l’a concentré sur très peu de territoires", a ajouté le président de la République. Face aux critiques récurrentes des riverains de ces installations, le texte propose l'instauration d'un tarif préférentiel d'accès à l'électricité.

Des sources d'inquiétudes

Le projet de loi d'accélération des énergies renouvelables suscite tout de même quelques inquiétudes, notamment du côté des associations de défense de l'environnement. Certaines estiment notamment que cette volonté d'accélération sur le sujet ne se fasse au détriment d'enjeux relatifs à la biodiversité ou encore à la participation du public aux débats qui pourraient être trop généraux. Symbole de ces craintes: l'article 6 du texte qui prévoit que certaines installations soient considérées comme "d'intérêt public majeur" et obtiennent ainsi plus facilement une dérogation à l'obligation de protection des espèces. Prévus dans un peu plus d'un mois, les débats parlementaires autour du projet de loi risquent d'être animés.

L’accélération se fera en préservant la biodiversité et la loi y veillera, a déclaré Emmanuem Macron en réponse à ces réserves. Il n’y a pas de dilemme à avoir s’il y a des règles très claires au départ."

Le président de la République a conclu sa prise de parole en mettant l'accent sur les stratégies de filières, selon lui nécessaires à la réussite des différents projets, en prenant exemple sur le parc d'éoliennes de Saint-Nazaire : "On fera beaucoup plus d’éoliens en mer si ça s’inscrit dans notre stratégie maritime française. Il faut décliner une stratégie portuaire française qui doit être renforcée et sur laquelle on doit investir davantage en matières d'électrification, de verdissement, de développement de nos capacités de fret, de connexion de nos ports avec les réseaux fluviaux et ferrés ou encore d'accueil des activités industrielles dans nos ports."

Timothée Talbi