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Coupures de gaz russe: Uniper réclame des milliards d'euros de dommages-intérêts à Gazprom

Uniper était le principal client du russe Gazprom en Allemagne

Uniper était le principal client du russe Gazprom en Allemagne - LENNART PREISS

Le géant allemand estime à au moins "11,6 milliards d'euros" les conséquences financières des coupures de livraison de gaz russe à l'Allemagne via Nord Stream. Uniper a saisi un tribunal d'arbitrage contre Gazprom.

Le géant allemand de l'énergie Uniper a saisi mercredi un tribunal d'arbitrage contre Gazprom pour être dédommagé des coupures de livraison de gaz russe à l'Allemagne via Nord Stream, dont il estime le coût à au moins "11,6 milliards d'euros" depuis juin.

"Uniper a engagé une procédure d'arbitrage contre Gazprom", auprès d'un tribunal d'arbitrage international situé à Stockholm (Suède), a indiqué l'entreprise allemande, qui exige des "dommages et intérêts en rapport avec les volumes non livrés depuis juin".

Les coûts engendrés par les coupures sont évalués à "11,6 milliards d'euros" par l'entreprise, mais pourraient "continuer à augmenter jusqu'à fin 2024". Uniper est frappé de plein fouet par la réduction depuis juin - puis la fin totale depuis septembre - des livraisons de gaz russe vers l'Allemagne, via le gazoduc Nord Stream, sur fond de guerre en Ukraine.

Le groupe était le principal client du russe Gazprom dans le pays. Il a dû, pour honorer ses contrats, se procurer du gaz sur le marché au comptant où les prix ont explosé au cours de l'été.

"Nous réclamons le recouvrement de nos dommages financiers importants (...) Nous avons engagé ces coûts, mais ils ne sont pas de notre responsabilité", a commenté dans un communiqué Klaus-Dieter Maubach, PDG de Uniper.

"Force majeure"

Dans un communiqué relayé par les agences russes, Gazprom a affirmé mercredi qu'il ne "reconnaît pas la violation des contrats et la légitimité des demandes de dommages-intérêts déclarées par Uniper".

"Nous étudions la déclaration reçue et nous protégerons nos intérêts dans le cadre légal", a assuré le groupe.

L'entreprise russe a invoqué cet été une "force majeure" pour justifier l'arrêt ses livraisons, sans donner plus de détail.

Invoquer "l'état de force majeure" permet de libérer une entreprise de ses obligations contractuelles en l'exonérant de toute responsabilité juridique. L'événement mentionné doit être particulièrement imprévisible, indépendant de la volonté de l'entreprise et l'empêchant de réaliser ses obligations. Uniper réfute depuis le début de la crise cette qualification.

Depuis, des explosions, au large du Danemark, ont détruit le 26 septembre dernier des pans entiers des pipeline Nord Stream 1 et 2, rendant désormais la livraison effectivement impossible.

Contagion sur les marchés de l'énergie

L'hypothèse du sabotage est privilégiée par les autorités judiciaires danoises, allemandes et suédoises, qui ont lancé une enquête. La Russie dément être à l'origine de cet incident, accusant le Royaume-Uni.

Uniper a également annoncé mercredi avoir conclu la vente de sa filiale russe Unipro, prévue depuis l'été 2021, à un "acheteur local", afin de se "distancier le plus possible" de ses activités russes.

Le groupe qui fournissait 40% de l'approvisionnement en gaz de l'Allemagne, a souffert, en raison de cette crise, d'une perte nette historique de 40 milliards depuis janvier.

Pour éviter une contagion sur les marchés de l'énergie, le gouvernement allemand a décidé en septembre de nationaliser le groupe, en le renflouant via un plan de sauvetage de plusieurs dizaines de milliards d'euros. Ce plan doit être officiellement adopté par l'assemblée générale du groupe, qui doit se réunir lors d'une session extraordinaire le 19 décembre.

PS avec AFP