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Couper les ascenseurs et les machines à café: comment les immeubles de bureaux veulent baisser la facture énergétique

En plus de mesures structurelles comme la baisse à 19°C des chauffages, les propriétaires d'immeubles de bureaux proposent une série de mesures visant notamment à lisser les appels de puissance concentrés à certains moments de la journée. Exemple avec Icade.

Comme tous les secteurs, celui de l'immobilier du bureaux est appellé par le gouvernement à proposer des mesures pour faire baisser sa consommation énergétique. Rappelons que dans la plupart des cas, ces gestionnaires/propriétaires d'immeubles agissent comme des syndics en refacturant à leurs locataires-entreprises l'électricité consommée.

Evidemment, ces gestionnaires mettent en place avec leurs clients des actions et des bonnes pratiques en matière de sobriété énergétique depuis un certain temps. Chez Icade qui exploite pas moins de 2 millions de mètres carrés de bureaux en France, "1000 actions sont en oeuvre depuis 10 ans", explique à BFM Business Benjamin Ficquet, directeur Exploitation responsable. "En 2019, nous avons atteint une réduction de 15% de notre consommation globale".

Mais évidemment, le contexte actuel de flambée des cours de l'électricité double voire quadruple la facture pour les entreprises locataires. "J'ai beaucoup d'appels tous les jours, il y a une vraie volonté d'aller plus vite et plus loin" poursuit le responsable.

La concertation, une clé

En plus de mesures structurelles demandées par le gouvernement, comme la baisse à 19°C des chauffages, Icade propose une série de solutions visant notamment à lisser les appels de puissance concentrés à certains moments de la journée dans les bureaux.

"Ce sont des actions symboliques mais utiles. Elles ne visent pas tant à réduire la consommation électrique mais à mieux l'étaler dans une journée (afin de soulager le réseau, NDLR) et à limiter les appels de puissance le matin par exemple. On peut ainsi couper une machine à café sur deux, limiter l'accès aux bornes de recharge électriques ou encore faire en sorte que les ascenseurs ne s'arrêtent pas aux deux premiers étages pour inciter les salariés à prendre les escaliers", explique Benjamin Ficquet.

Le gestionnaire n'entend pas contraindre pour contraindre. "On peut s'appuyer sur l'application EcoWatt de RTE pour adapter les réponses. Si on passe en zone orange (système électrique tendu dans la région et écogestes bienvenus, NDLR) on peut limiter certains services" poursuit le responsable.

"Inciter à prendre les escaliers c'est comme inciter à faire du vélo"

Par ailleurs, la concertation semble être la clé de la bonne exécution de ces mesures. "Il faut communiquer, accompagner et partager les résultats. C'est le seul moyen de renforcer l'engagement. Cela doit être un temps fort d'échanges. Nous diffusons par exemple des kits de formation. Par exemple, baisser le chauffage à 19°, bloquer les premiers étages des ascensurs peut être mal perçu voire contreproductif. On doit donner des alternatives, expliquer comment contourner ces contraintes. Cela peut être aussi l'occasion d'un challenge interne".

Exemple avec les ascenseurs: "inciter à prendre les escaliers, c'est comme inciter à faire du vélo. Ca a du sens. Si on associe ce discours avec la bonne signalétique, avec des outils de nudge qui consistent à modifier des comportements au quotidien, sous la forme d'une incitation discrète" explique le directeur.

En réalité, la problématique actuelle relève plus du timing. Le contexte, l'urgence "nous pousse à tout faire d'un coup et dès maintenant d'où un besoin encore plus fort d'information. Mais je ne suis pas inquiet, je suis même plutôt enthousiaste quand je vois le degré d'engagement des entreprises" conclut optimiste Benjamin Ficquet.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business