BFM Business
Entreprises

Des petits actionnaires envisagent de porter plainte contre le président d’Atos

Ils dénoncent la communication financière du groupe entre l’assemblée générale fin juin et la présentation des résultats semestriels, un mois plus tard.

La fronde des actionnaires d’Atos n’est pas terminée. Une centaine d’entre eux envisagent de porter plainte contre le président du groupe informatique, Bertrand Meunier, après les résultats semestriels décevants publiés fin juillet.

Une association est en cours de création, baptisée "Union des actionnaires d’Atos en colère" (Udac), menée par Hervé Lecesne qui, à titre personnel, détient 1% du capital d’Atos. "Nous réfléchissons avec nos avocats à déposer une plainte qui ciblerait la communication financière du groupe", explique-t-il à BFM Business.

"Insincère", "trompeuse", "mensongère"? Il hésite encore mais avec d’autres investisseurs, ils ne digèrent pas que le cours de Bourse ait été divisé par deux en quelques jours, début août, après la présentation des résultats, le 28 juillet.

"A l’assemblée générale fin juin, le président nous a dressé un tableau très positif sur le redressement d’Atos, ajoute Hervé Lecesne. Mais seulement deux jours plus tard, il clôturait les comptes avec une consommation de cash très importante".

Deux jours avant la cloture des comptes

Atos a brûlé près d’un milliard d’euros de cash, notamment à cause des coûts de restructuration et d’une trésorerie qui s’est tendue, les clients payant plus tard et les fournisseurs demandant à être payés plus tôt. Lors de l’assemblée générale du 28 juin, la direction d’Atos avait pourtant insisté sur l’amélioration des résultats. Ce qui s’est vu dans les comptes avec le triplement de la marge. Le président Bertrand Meunier jouait son poste alors qu’une série d’actionnaires, emportés par le fonds Sycomore, avaient demandé sa révocation.

Pourquoi la communication financière d’Atos a-t-elle été optimiste le 28 juin alors que les comptes l’étaient bien moins le 30 juin? La direction évoque le "rythme soutenu d’exécution des actions de transformation" pour justifier ce "trou" dans la trésorerie.

Les actionnaires d’Atos, autour d’Hervé Lecesne, se plaignent aussi du "cadeau" fait à Daniel Kretinsky qui a racheté la branche historique de services informatiques. L’homme d’affaires tchèque n’a pas repris un euro de la lourde dette du groupe qui s’élève à 2,3 milliards d’euros. Les frondeurs ont toutefois perdu un de leur pilier. Leur ancien leader Sycomore a, selon nos informations, vendu toutes ses actions Atos.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business