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Défense

Un parlementaire allemand propose d'en finir avec le MGCS, le char du futur franco-allemand

Des chars Leopard 2 destinés à l'Ukraine

Des chars Leopard 2 destinés à l'Ukraine - INA FASSBENDER

Le programme franco-allemand MGCS, le système de combat terrestre du futur qui repose sur un cloud de combat et un blindé ultramoderne est remis en cause par un parlementaire allemand qui préconise d'abandonner le projet.

Andreas Schwartz a-t-il dit tout haut ce que Berlin pense tout bas? Dans un message sur X (Twitter), ce parlementaire (SPD) membre du comité du budget, de la défense et du financement fédéral, propose d'enterrer le programme franco-allemand futur MGCS (main ground combat system). Il propose à la place de consacrer un budget à la modernisation du Leopard 2, le char allemand envoyé par dizaines d'exemplaires à l'Ukraine.

"Avec le Leopard 2, nous avons un appareil éprouvé. Cela devrait être développé davantage et investi. Gain de temps, d'argent et de nerfs ! Et nous savons ce que nous avons!", préconise Andreas Schwartz au ministère allemand de la Défense.

Le projet MGCS lancé en 2017 vise mettre au point un système terrestre constitué de blindés et de drones dont les données transiteraient sur un cloud de combat. Au cœur de ce dispositif, un char doit être créé en commun pour succéder au Leopard 2 allemand et au Leclerc français au plus tard en 2040. En clair, le MGCS doit être à l'armée de terre ce que le Scaf sera à l'armée de l'Air.

Le MGCS menacé d'extinction

Pour mettre au point ce nouveau blindé et avoir un partage équilibré des tâches entre la France et l'Allemagne, le français Nexter a fusionné avec le constructeur de chars munichois Krauss-Maffei Wegmann (KMW) pour devenir KMW+Nexter Defence Systems (KNDS).

En novembre, un accord a été trouvé pour une répartition à 50/50 entre KDNS et Rheinmetall qui semble jouer la partie selon ses propres règles au risque de tout faire capoter. L'industriel allemand a même créé sur fonds propres le KF-51 Panther présenté comme le successeur du Leopard 2. Annoncé comme un armement d'exportation, l'industriel assure pouvoir les premiers exemplaires dès 2025.

"A la différence du Scaf, le dossier MGCS est plus compliqué. Nos deux armées n'ont pas exactement les mêmes besoins et un troisième acteur, Rheinmetall, s'est glissé avec la bénédiction tacite du gouvernement allemand", déclarait en juillet à BFM Business Jean-Louis Thiériot, député LR de Seine-et-Marne et vice-président de la commission défense nationale et des forces armées.

Pour le magazine économique allemand Handelsblatt, le programme pour lequel la Bundeswerh doit consacrer cette année un budget spécial de 83 millions d'euros serait ainsi menacé d'extinction.

Pour sauver ce programme en rééquilibrant le rapport de force avec l'Allemagne, la France envisagerait de faire entrer un nouveau partenaire. Il s'agirait de l'Italien Leonardo, selon une information de La Tribune qui assure que cette option est "à prendre ou à laisser". Est-ce une manière d'entrouvrir une porte de sortie en faisant porter à l'Allemagne la responsabilité d'un échec?

"Alors que jusqu'à présent de nombreux observateurs se demandaient lequel des deux pays aurait le courage de jeter l'éponge, la réponse semble de plus en plus claire", note le blog spécialisé Blablachars.

KDNS a prévu un plan B avec l'EMBT (Euro Main Battle Tank) créé à partir d'un châssis de Leopard 2A7 et d'une tourelle de Leclerc. Ce char pourrait succéder au Leclerc expliquait en mai Nicolas Chamussy, PDG de Nexter, lors d'une audition à l'Assemblée nationale.

Ce qui est certain est que la modernisation du char Leclerc n'est pas une option a long terme comme le rappelait le ministre des Armées Sébastien Lecornu pour qui la mise à jour du char français "ne pourra pas nous emmener sur de nombreuses décennies".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco