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Rafale Marine: un avion de combat conçu pour les marins français... et désormais indiens

Comment reconnaitre un Rafale Marine? En regardant son train avant capable de supporter la puissance du catapultage et à l'arrière la crosse d'appontage.

Comment reconnaitre un Rafale Marine? En regardant son train avant capable de supporter la puissance du catapultage et à l'arrière la crosse d'appontage. - Mario GOLDMAN

Le Rafale Marine comme ceux vendus à l'Inde, n'est pas un Rafale comme les autres. Pour transformer un avion d'aviateur en une version pour les marins, il a subi des modifications visibles et d'autres qui le sont moins. Revue de détails...

Avec le Rafale, l'Inde a-t-elle choisi le meilleur chasseur du monde pour armer son porte-avions INS Vikrant, dernier né de sa flotte en mode "make in India"? C'est plus que probable. Face à lui, le F/A-18 Super Hornet de Boeing n'a pas fait le poids.

Invité d'honneur pour le 14-Juillet, le Premier ministre Narendra Modi a confirmé aujourd'hui une commande à la France de 26 Rafale Marine. C'est la première fois que cet appareil est vendu à un pays étranger. Mais le Rafale Marine, c'est quoi?

Si le public dit "le" Rafale, le singulier est impropre pour l'avion de chasse français. Dassault a créé non pas un, mais trois versions du chasseur. Deux ont été conçus pour l'armée de l'Air et de l'Espace ("B" en biplace et "C" en monoplace) et un monoplace, M pour Marine, pour l'Aéronavale de la Marine Nationale.

Un siège éjectable repensé

Ces trois appareils, finement détaillés par Omnirole Rafale, un site dédié à l'avion de combat, disposent à 80% des mêmes composants, mais les versions "air" et "marine" sont loin d'être identiques.

Ils se reconnaissent évidemment aux inscriptions "armée de l'Air" et "Marine" sur le fuselage et à leur cocarde tricolore. Celle des marins est ornée d'une ancre.

Il y a aussi d'autres détails plus discrets. Le triangle inversé apposé sur le cockpit pour prévenir du danger lié au siège éjectable est rouge pour les aviateurs et gris pour les marins. D'ailleurs, l'éjection se fait légèrement sur la gauche pour ne pas percuter l'îlot du porte-avions.

Train avant renforcé et logo d'éjectin gris et non pas rouge pour le Rafale Marine
Train avant renforcé et logo d'éjectin gris et non pas rouge pour le Rafale Marine © PATRICK BAZ

Parmi les autres particularités, un lave-glace comme sur les voitures pour nettoyer le pare-brise des avions sur lequel le sel et l'écume se déposent.

Une poussée de 5G

Mais surtout, des modifications techniques ont été apportées pour être catapulter depuis un porte-avions et apponter. Pour cela, ils disposent à l'avant d'une barre de catapultage (launch bar) et à l'arrière une crosse d'appontage pour agripper le brin d'arrêt. Le "M" a une assiette relevée à l'avant du fait du train avant plus massif et plus haut. Mais ces dispositifs sont loin d'être de simples accessoires. Ce sont de véritables prouesses techniques et méncaniques.

"Pour être catapulté d'un porte-avions, nous avons créé un train avant capable de supporter une poussée de 5G, soit environ 100 tonnes d'effort", nous explique Dassault.

Un train classique ne supporterait pas cette force et serait arraché sans même permettre à l'appareil de décoller. Le Rafale M y parvient sans difficulté en passant de 0 à 240 km/h en 3 secondes pour prendre les airs sur la piste de 75 mètres du Charles De Gaulle, soit 15 mètres de moins qu'un porte-avions américain. C'est d'ailleurs grâce à cette rare performance que le Rafale M est le seul avion de combat non américain autorisé à opérer sur des navires de l'US Navy.

Supporter un "crash contrôlé"

Idem pour la crosse d'appontage installée entre les deux réacteurs. Il s'agit de stopper en quelques secondes sur 70 mètres un avion qui arrive à 145 nœuds, soit 268 km/h.

"On pourrait même parler d'un crash contrôlé, tellement cette opération est violente, mais maîtrisée", nous précise Dassault.

Ce crochet s'accroche à l'un des trois brins d'arrêts. Pourquoi trois? Pour être sûr d'en attraper au moins un. Cette performance repose surtout sur le talent du pilote qui doit effectuer un virage à 180° pour être dans l'axe du navire et à l'officier d'appontage, un pilote de l'aéronavale qui donne les indications pour réussir la manœuvre sur un navire en mouvement.

Tous ces éléments font du Rafale Marine un appareil un peu plus lourd que les versions Air. Et pour cause, en plus des éléments propres à ce modèle, Dassault a aussi dû renforcer la structure pour absorber la puissance du catapultage et de l'appontage pour faire de cet appareil un super navire supersonique aérien.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco