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Défense

Paris et Berlin reprennent en main le projet de char du futur

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et son homologue allemand Boris Pistorius, se sont rencontrés sur la base aérienne d'Evreux le 21 septembre.

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et son homologue allemand Boris Pistorius, se sont rencontrés sur la base aérienne d'Evreux le 21 septembre. - LOU BENOIST

Paris et Berlin ont donné jeudi une nouvelle impulsion au projet de char du futur (MGCS) franco-allemand. Ils ont confié aux états-majors français et allemand de définir précisément leurs besoins.

Fin de la polémique sur le programme de char du futur franco-allemand. Jeudi, Paris et Berlin ont donné une nouvelle impulsion au projet (MGCS) enlisé dans les rivalités entre industriels, en s'accordant sur la définition des besoins attendus par les deux armées du futur système.

Sous l'œil des deux ministres de la Défense, Boris Pistorius et Sébastien Lecornu, les chefs d'état-major de l'armée de Terre de chaque pays ont paraphé le High Level Common Operational Requirements Document (HLCORD), un document fixant leurs "exigences opérationnelles communes" auxquelles devra répondre le futur système, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Cette étape va permettre le travail, jusqu'à fin décembre" de définition des différents piliers de blocs technologiques à développer et la responsabilité de chaque Etat, a expliqué Boris Pistorius.

"Après il faudra entamer les négociations avec les industriels" KNDS -regroupant le français Nexter et l'allemand KMW- et l'allemand Rheinmetall avant "l'année prochaine l'étape décisive de la signature du contrat j'espère", a-t-il détaillé.

Une reprise en main du programme

La cérémonie s'est déroulée sur la base aérienne d'Evreux, qui accueille un escadron de transport tactique franco-allemand intégrant pilotes, mécaniciens et avions C130J des deux pays.

Signe d'une reprise en main du programme entamée depuis une rencontre entre les deux hommes, le ministre français a rappelé que "ce sont les deux Etats qui sont porteurs du projet sur le plan politique et diplomatique mais ce sont aussi les deux Etats qui seront les clients, les acheteurs".

La signature de ce HLCORD intervient cinq ans après l'approbation en avril 2018 de son équivalent pour le Système de combat aérien futur (Scaf). Les projets Scaf et MGCS avaient tous deux été lancés en même temps, en juillet 2017, et le Bundestag allemand demande que les deux programmes progressent au même rythme.

Tirer les conséquences des combats en Ukraine

"Le rythme a été ralenti mais maintenant on accélère, on appuie sur le champignon parce que c'est nécessaire", a déclaré Boris Pistorius.

Outre les rivalités industrielles, que les deux hommes se sont gardés d'évoquer, Sébastien Lecornu a attribué le retard pris par le programme MGCS par l'attention longtemps portée sur le Scaf, "qui a mobilisé beaucoup les deux équipes", le besoin de s'assurer des crédits pour le financer (500 millions d'euros prévus côté français d'ici 2030) et le temps nécessaire pour "tirer les conséquences du combat terrestre en Ukraine". Pour les prochains mois, "nous avons donné mandat à nos équipes d'en faire une priorité absolue", selon lui.

Le MGCS (acronyme anglais de Système de combat terrestre principal) vise à remplacer à partir de 2035 les chars Leclerc français et les Leopard 2 allemands. Mené sous direction allemande, le projet prévoit une répartition de la charge de travail à 50/50 entre industriels français et allemands. Plus qu'un char traditionnel, le MGCS est un "système de systèmes": un char proprement dit accompagné d'autres véhicules, habités ou non.

Il comportera d'importantes "ruptures" technologiques, a expliqué Sébastien Lecornu, évoquant le recours à l'intelligence artificielle, à des drones pour protéger le char ou l'incorporation d'armes à effet dirigé ou électromagnétiques ou de systèmes de guerre électronique.

Les deux hommes se sont par ailleurs dits ouverts à l'incorporation dans le programme de pays intéressés, comme l'Italie ou les Pays-Bas, sans doute avec un statut d'observateurs dans un premier temps. Mais pas avant que les piliers technologiques soient définis et répartis. "On ne peut inviter d'autres pays qu'après avoir défini ce qu'on souhaite avoir", a plaidé Boris Pistorius.

PS avec AFP