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Défense

La Turquie refuse finalement d'accueillir l'ancien porte-avions Foch pour son démantèlement

L'ex-porte-avion "Foch", rebaptisé "Sao Paulo", a été vendu au Brésil en 2000 et devait être déconstruit en Turquie

L'ex-porte-avion "Foch", rebaptisé "Sao Paulo", a été vendu au Brésil en 2000 et devait être déconstruit en Turquie - EMMANUEL PAIN

L'ex-Foch, porte-avions français devenu brésilien en 2000, partait pour la Turquie pour y être déconstruit par un ferrailleur. Ankara estime que les matières dangereuses qu'il contient pose un risque et refuse de le laisser approcher des côtes.

Le "bateau de la mort". C'est ainsi que la Turquie a surnommé l'ex porte-avions Foch vendu à la marine brésilienne il y a 20 ans pour devenir le Sao Paulo. Ce navire devait être déconstruit par un ferrailleur turc, mais les matières nocives qu'il contient posent un risque environnemental que Murat Kurum, ministre turc de l'environnement, refuse de prendre.

La nouvelle a été annoncée alors que le vaisseau se trouvait au large du Maroc lors de son tractage par un remorqueur néerlandais. Le ministre a d'ailleurs diffusé un communiqué officielle dans un tweet pour expliquer la décision d'Ankara. La Turquie réclame depuis plusieurs un nouvel inventaire des matières dangereuses que le Brésil ne lui a pas fournie.

Amiante et particules radioactives

Cette demande repose surtout sur les actions menées par des associations de protections de l'environnement. Une plainte collective a été déposée par sept associations et une quarantaine de particuliers qui suspectent des conséquences environnementales plus lourdes que celles listées dans le rapport fourni par Brasilia.

Selon l'ONG Ban Abestos France, seulement 12% du navire a été étudié et les rapports sous-estiment la quantité d'amiante.

"L'IHM du Sao Paulo estime à seulement 9,6 tonnes la quantité de matériaux contaminés par l'amiante à bord du navire. Cependant, le Clémenceau, le bateau jumeau du Sao Paulo, contenait au moins 600 tonnes d'amiante", prévient l'ONG dans un communiqué.

D'autre part, Ban Abestos note que le Sao Paulo a été "impliqué dans les essais nucléaires atmosphériques dans le Pacifique".

"La présence de 170 tonnes de peinture au plomb/cadmium pourrait retenir la contamination radioactive, ainsi que le manque d'informations sur le retrait préalable des équipements radioactifs, font craindre que le navire soit contaminé malgré les affirmations contraires", estime l'association.

La patate chaude

Le porte-avions est désormais une épine dans le pied du Brésil, mais aussi de la France. Le Sao Paulo va-t-il être retourné à son envoyeur, le Brésil ou la patate chaude va-t-elle être donnée à la France comme le propose l'avocat du collectif turc qui estime que "chaque pays doit être responsable de la prise en charge des bâtiments qu’il a lui-même construits".

L'avenir du Foch est désormais plus qu'incertain. Le vaisseau a déjà fait l'objet de convoitises. D'abord celle du contre-amiral Mustafa Cihat Yayci, ex-chef d’état-major de la marine turque. Il proposait de "le rééquiper pour former du personnel de futurs porte-avions" turcs. Proposition rejetée.

Il y a aussi eu le projet d'Udo Stern. Cet ex-membre du directoire de Lufthansa proposait de transformer ce navire de guerre en un luxueux complexe hôtelier off shore avec golf de neuf trous transformable en piste de ski avec neige artificielle pendant l'hiver. Proposition également rejetée.

Un plan B va-t-il être annoncé comme ce fut le cas du Clémenceau qui devait être désamianté et démantelé en Inde. Bloqué par l'Egypte avant de passer le canal de Suez, il est revenu à Brest avant d'être pris en charge par une entreprise britannique.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco