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Défense

La guerre en Ukraine devient un véritable un casse-tête budgétaire pour l'UE

Le coût de la guerre en Ukraine pèse de plus en plus sur le budget de l'Union européenne, devenu un véritable casse-tête pour les États membres, désireux de trouver des sources d'économies en période de disette financière.

Si le soutien à Kiev fait l'objet d'une quasi-unanimité, à l'exception de la Hongrie et de la Slovaquie, les 27 ont exposé leurs divisions sur la révision du cadre budgétaire de l'UE, lors d'un sommet jeudi et vendredi à Bruxelles.

Alors que leurs comptes nationaux sont affectés par le ralentissement économique, ils rechignent globalement à débourser plus. Or, il y a urgence à s'entendre sur la révision du financement pour la période 2024-2027. Un accord est ardemment souhaité d'ici au prochain sommet des chefs d'État et de gouvernement mi-décembre.

Les positions sont "très différentes, nous sommes loin d'un accord", a reconnu la Première ministre estonienne, Kaja Kallas. "Certains pays disent qu'il ne faut pas dépenser plus d'argent, et redéployer des fonds dont nous disposons déjà. D'autres disent que nous avons besoin de fonds supplémentaires parce que nous sommes confrontés à de nouvelles crises".

"Le sommet de décembre va être un cauchemar", confie un responsable européen, sous couvert d'anonymat.

Enveloppe de 50 milliards d'euros pour l'Ukraine

La Commission européenne avait le 20 juin demandé aux États une rallonge de 66 milliards d'euros pour la période 2024-2027 afin de faire face aux crises qui ont affecté l'Europe depuis 2020 après la pandémie de Covid: invasion de l'Ukraine par la Russie et pression migratoire. S'est ajouté récemment le conflit au Proche-Orient.

"Nous sommes pleinement conscients que ces crises n'affectent pas seulement le budget de l'Union européenne. Les États membres ont également beaucoup de contraintes", a concédé jeudi soir la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, soulignant que l'enveloppe de 50 milliards d'euros en faveur de l'Ukraine pour les quatre prochaines années était la "première priorité" de l'UE.

Cette somme inclut 17 milliards de subventions et 33 milliards de prêts - ces derniers n'étant pas pris en compte dans le total des financements supplémentaires au budget européen.

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Bruxelles avait en outre proposé 15 milliards d'euros supplémentaires pour la gestion de la migration (renforcement des contrôles aux frontières et coopération avec les pays d'origine et de transit), une priorité peu contestée.

Par ailleurs, dix milliards sont demandés pour renforcer les investissements dans les technologies d'avenir (numérique, transition verte, biotech...).

S'y ajoutent 19 milliards d'euros pour financer l'impact de la hausse des taux d'intérêt sur la dette souscrite dans le cadre du vaste plan de relance européen post-Covid, près de deux milliards pour les hausses de salaires des fonctionnaires européens liées à l'inflation ainsi que trois milliards pour un instrument de flexibilité, une réserve pour d'éventuelles dépenses imprévues en cas de crise.

"Une chose qui ne passera pas du tout, c'est la demande d'augmenter les frais de fonctionnement administratif. Ce serait politiquement suicidaire à un moment où on serre la vis dans tous les pays", affirme un diplomate européen.

Vers des coupes budgétaires?

Pour limiter la facture, plusieurs États du Nord dits "frugaux", à l'instar des Pays-Bas et de l'Allemagne, gros contributeurs nets au budget de l'UE, réclament des redéploiements. La Suède propose par exemple des coupes dans plusieurs programmes de l'UE, dont la recherche (Horizon Europe), l'aide au développement ou les échanges d'étudiants (Erasmus).

Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est déclaré "convaincu que les possibilités offertes par un changement de priorité des programmes de dépenses du budget européen ne sont pas encore épuisées".

Quelque 16 milliards d'euros peuvent être trouvés dans le budget existant "si vous secouez le Berlaymont", le siège de la Commission, assène un diplomate européen. D'autres pays, comme la Bulgarie, insistent pour ne pas sacrifier des programmes essentiels comme les aides aux régions les plus défavorisées ou la politique agricole, quitte à augmenter les contributions.

"Il y a une proposition de certains pays de n'augmenter que les fonds consacrés à l'Ukraine. La Slovénie insiste sur le fait que cela ne sera pas suffisant", a expliqué le Premier ministre slovène Robert Golob qui prédit de "longues" discussions. "Les débats sur le budget sont toujours les plus difficiles".

PS avec AFP