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Défense

Budget des armées: députés et sénateurs s'entendent sur une rallonge de 2,3 milliards jusqu'en 2027

Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, lors d'une visite au 1er régiment d'artillerie à Bourogne, en France, le 20 avril 2023.

Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, lors d'une visite au 1er régiment d'artillerie à Bourogne, en France, le 20 avril 2023. - SEBASTIEN BOZON

Députés et sénateurs ont trouvé un compromis sur le projet de programmation militaire du gouvernement, notamment sur l'enveloppe allouée aux Armées dès ce quinquennat, ouvrant la voie à une adoption définitive du texte jeudi.

Députés et sénateurs accélèrent la cadence du pas donné par le ministre des Armées pour la loi de programmation militaire 2024-2030. Les élus ont trouvé un compromis lundi sur l'enveloppe de 413 milliards d'euros (40% de plus par rapport à la précédente) ouvrant la voie à une adoption définitive du texte avant le 14 juillet, comme l'espérait l'exécutif. Sur Twitter, Sébastien Lecornu a d'ailleurs salué "l'engagement des parlementaires".

Le budget des armées augmentera progressivement pour atteindre 68,9 milliards en 2030. Mais les oppositions, notamment à gauche, dénoncent des "effets d'annonce", avec une part importante due à l'inflation (une trentaine de milliards), et des reports de charges de la LPM précédente. Surtout, le Sénat et les députés d'opposition reprochent à l'exécutif de laisser une ardoise trop importante après la fin du quinquennat.

Effet d'accélération

Les sénateurs avaient sensiblement accéléré la cadence par rapport au texte du gouvernement: +3,5 milliards en 2024, puis +3,6 tous les ans. Sénateurs et députés se sont finalement accordés sur +3,3 milliards en 2024 et 2025, puis +3,2 milliards en 2026 et 2027, et enfin +3,5 milliards par an jusqu'en 2030.

Quelque 2,3 milliards de dépenses supplémentaires sont ainsi programmées jusqu'en 2027, et doivent servir à du "maintien en condition opérationnelle" de matériel et "de la préparation opérationnelle" de troupes, a expliqué à l'AFP le rapporteur à l'Assemblée Jean-Michel Jacques (Renaissance).

Christian Cambon (LR), rapporteur au Sénat, a approuvé "l'effet d'accélération attendu par nos armées", son groupe saluant également la possibilité de mobiliser des sommes "collectées dans le cadre du livret A" pour financer l'industrie de la Défense.

"Le Sénat a fait preuve d'orthodoxie budgétaire", regrette le député LFI Aurélien Saintoul, critiquant le fait qu'une partie de l'enveloppe (13,3 milliards) ne soit pas précisément fléchée.

Renouveler la dissuasion nucléaire

La LPM doit également permettre de renouveler le coûteux arsenal de dissuasion nucléaire, consacré en "clé de voûte" de la défense nationale, et améliorer le traitement des troupes et de leurs familles.

La LPM, qui sera actualisée en 2027 au Parlement, entend "moderniser" l'appareil militaire par des investissements importants dans le spatial, le cyber, les drones, etc... Elle acte en revanche des reports de livraisons de matériels. Les armées recevront sur la période moins de chars, de Rafale ou de frégates par exemple que ce qui était prévu dans la précédente LPM.

Un contrôle strict de militaires et civils ayant exercé des fonctions sensibles, et souhaitant travailler pour un Etat ou une entreprise étrangère, sera établi. Les pouvoirs de réquisitions de l'Etat dans le domaine de la défense seront aussi étendus.

Le texte renforce aussi les pouvoirs de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI), malgré de vives inquiétudes à gauche pour la protection des libertés publiques.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama avec AFP Journaliste BFM Éco