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Défense

Budget défense: la Cour des comptes prévient qu'il faudra faire des choix pour réduire le déficit

En 2022, le budget du ministère des Armées atteindra 40,9 milliards d'euros, conformément à la LPM 2019-2025 qui prévoit d'atteindre 50 milliards d'euros en 2025

En 2022, le budget du ministère des Armées atteindra 40,9 milliards d'euros, conformément à la LPM 2019-2025 qui prévoit d'atteindre 50 milliards d'euros en 2025 - Morgan Durand (Minarm)

Dans son dernier rapport, la Cour des comptes estime que les efforts en matière de défense sont nécessaires mais des arbitrages devront être faits pour réduire le déficit à 3% du PIB d'ici 2027.

Après plus d’un quart de siècle de réduction de l’effort de dépense et du format des armées, la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 a prévu de porter la part des dépenses militaires à 2% du PIB en 2025 et de créer 6 000 emplois. La montée des menaces, illustrée par la guerre en Ukraine, justifie la poursuite des efforts budgétaires français en matière de défense mais "des arbitrages devront être réalisés" au vu de la dégradation des finances publiques, prévient la Cour des Comptes dans un rapport publié mercredi.

"La poursuite des efforts budgétaire est nécessaire au vu de la montée et de la diversification des menaces, mais la soutenabilité des finances publiques doit être préservée", alors que les comptes publics sont sous forte tension depuis la crise sanitaire et avec le conflit en Ukraine, a commenté le président de la Cour, Pierre Moscovici, lors de la présentation du rapport sur "la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 et les capacités des armées".

Aussi, "des arbitrages devront être réalisés et des marges de manoeuvre devront être trouvées", suggère-t-il. Dans ce rapport, rédigé avant le début du conflit en Ukraine fin février, la Cour des comptes salue une exécution budgétaire des premières années (2019-2021) de la LPM "conforme à la programmation, pour la première fois depuis deux décennies".

Ressources de la LPM 2019-2025 (hors pensions)
Ressources de la LPM 2019-2025 (hors pensions) © Cour des comptes

Emmanuel Macron a amorcé en 2017 une nette remontée en puissance des crédits défense après des années de disette. Le budget du ministère des Armées va de nouveau croître en 2022, à 40,9 milliards d'euros, conformément à la LPM 2019-2025 qui prévoit d'atteindre 50 milliards d'euros en 2025. Or "le contexte stratégique exige que nous respections les objectifs fixés", estime la Cour en excluant une réduction des capacités des armées.

Transfert de l'opération Sentinelle

Deux scénarios sont sur la table, selon le rapport: "confirmer les ambitions de la LPM", ce qui "nécessitera des arbitrages difficiles avec d'autres dépenses publiques" pour que la France parvienne à tenir son engagement de réduire son déficit à 3% du PIB d'ici 2027. Ou "faire le choix de rééquilibrages majeurs entre capacités, comme ceux réalisés par le Royaume-Uni en 2021", au détriment de ses forces terrestres notamment.

Déploiements opérationnels des forces armées françaises (Source : chiffres-clés de la défense, 2021)
Déploiements opérationnels des forces armées françaises (Source : chiffres-clés de la défense, 2021) © Cour des comptes
"La Cour ne recommande pas que la France, puissance continentale dont l'ambition d'autonomie stratégique pour elle et l'Europe la distingue du Royaume-Uni, fasse des choix identiques, mais accentuer ses propres priorités stratégiques paraît inévitable", souligne Pierre Moscovici.

La Cour des comptes suggère notamment de "développer les coopérations opérationnelles" avec les partenaires européens, ou encore "envisager de se désengager de certaines missions" comme Sentinelle, sur le territoire national, qui pourrait être transférée vers les forces de sécurité intérieure.

Outre son coût (140 millions d'euros en 2020, qui s'ajoutent à 200 millions d'euros de dépenses de personnel), cette mission "présente l'inconvénient majeur de perturber le cycle d'entraînement des militaires et de réduire l'attractivité du métier pour les militaires du rang".

Pascal Samama avec AFP