Avions de combat: la Grèce a officialisé son intention d'acheter 20 F-35... et peut-être 20 de plus
Après l'achat de 24 Rafale (six neufs et 18 d'occasion), la Grèce poursuit la modernisation de sa flotte d'avions de combat. Il y a quelques jours, lors d'une réunion de l'Otan à Madrid, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a annoncé son intention de remplacer ses F-16 vieillissants par une vingtaine de F-35. Une option pour un deuxième escadron de 20 appareils est à l'étude.
Athènes a envoyé une lettre à Washington pour officialiser son intention en précisant que les livraisons devraient commencer "en 2027 ou 2028", selon Reuters. Ce courrier est le point de départ d'une négociation qui pourrait être "longue" selon Kyriakos Mitsotakis.
Gérer les tensions avec la Turquie
Ce temps va d'abord passer par un billard à trois bandes avec la Turquie, également membre de l'Otan. Bien que partenaire du programme F-35 à son lancement, Ankara qui envisageait d'en acquérir une centaine, en a été exclue par Washington en 2019 après avoir acheté des systèmes de défense antiaérienne russes S-400.
Joe Biden est à la manoeuvre en anticipant la réaction d'Ankara. Le président américains s'est déjà déclaré favorable à la vente de F-16 à la Turquie contre la position du Congrès. A Washington, Ankara est perçue comme une menace pour stabilité de la région. La partie n'est pas gagnée, selon plusieurs spécialistes qui estiment que les tensions entre la Grèce et la Turquie pourrait s'aggraver.
"Une vente de F-35 à la Grèce pourrait enflammer Ankara, où il y a une rhétorique croissante selon laquelle les États-Unis utilisent la Grèce comme un pion pour contrôler la Turquie", explique à Breaking Defense l'expert en géostratégie Nicholas Danforth.
Intéropérabilité avec le Rafale
L'acquisition des F-35 pose une autre question, celle de l'intéropérabilité avec les Rafale. Si d'un point de vue stratégique, les deux appareils peuvent être complémentaires, ils ne sont pas pleinement compatibles. Comme le précise Air&Cosmos, ils devront communiquer en "liaison 16", le standard de l'Otan, ce qui réduirait leur furtivité avec des échanges potentiellement détectables.
Un problème qui se poserait partout où Français et Américains sont amenés à mener des opérations communes, en indo-pacifique ou autour des zones stratégiques impactées par le conflit en Ukraine avec la Russie.
"10 mois après Aukus, les Américains ont la volonté de nous ouvrir le plus de portes possibles. Nous avons désormais des discussions sur l'intéropérabilité avec le F-35 et les avions de 4e génération", a indiqué l'Etat-major français.