Armement: l'inflation contraint Berlin à revoir ses ambitions à la baisse

Selon un rapport de la Cour des comptes allemande, le fond de 100 milliards d'euros est insuffisant pour permettre à Berlin d'atteindre son ambition de créer la première armée d'Europe. L'inflation et le cours euro-dollar font grimper les prix.

Le budget de 100 milliards d'euros du chancelier allemand Olaf Scholz ne suffira pas pour permettre à l'Allemagne d'atteindre son ambition de devenir la première armée européenne. Dans un rapport dévoilé par Handelsblatt, la Cour des comptes fédérale prévient que les projets dépasseront le montant de ce fond spécial. Le gouvernement fédéral pourrait être contraint de couper massivement dans les investissements prévus.

En cause, l'inflation et le cours euro-dollar qui font grimper la facture des contrats déjà passés. La facture des 35 F-35 de Lockheed Martin et celui des hélicoptères de transport lourd CH-47F Chinook de Boeing sera plus lourde que prévue. Conséquences: plusieurs projets stratégiques pourraient finalement être revus ou annulés pour certains.

"Avec de nombreux projets en cours d'exécution sur cinq à sept ans, l'inflation dans la dimension crée un grave problème financier", a déclaré au titre allemand un spécialiste des achats d'armement.

Revoir les ambitions à la baisse

Berlin songe déjà revoir ses ambitions à la baisse. Selon Handelsblatt, les économies touchront la troisième tranche de la corvette K130, les nouveaux Eurofighters pour la guerre électronique, les nouvelles frégates, le deuxième lot du véhicule de combat d'infanterie Puma et les nouveaux obusiers automoteurs. Ces équipements doivent remplacer les systèmes livrés à l'Ukraine

Qu'en sera-t-il du système anti-aérien Arrow 3 en discussion avec Israël et soumis à l'autorisation des Etats-Unis? Ce contrat à 2 milliards d'euros n'a semble-t-il pas encore été soulevé.

Des représentants de l'industrie allemande de l'armement estiment que bien que conséquent, le fonds spécial de 100 milliards d'euros est devenu très insuffisant.

"Pour répondre aux souhaits de la Bundeswerh, il faudrait 200 milliards d'euros", a déclaré à Handelsblatt un responsable de l'industrie de la défense.

La Cour des comptes estime qu'il est toujours temps de réviser le projet de plan économique avec le ministère fédéral des Finances en vue des délibérations budgétaires finales.

Qui en subira les conséquences? Rien n'a encore été décidé. Comme le rappelle le site spécialisé OpexNews, le fond spécial de 100 milliards d'euros est réparti à 40 milliards pour l'aérien et le spatial, 16,6 milliards pour les forces terrestres, 20 milliards pour la marine, 20 milliards pour le commandement et le contrôle et 2 milliards pour le petit équipement.

https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco