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ZAD à la Clusaz: pourquoi le projet de retenue collinaire divise

Image d'illustration - Un skieur sautant sur une piste de ski à La Clusaz, le 23 mai 2021

Image d'illustration - Un skieur sautant sur une piste de ski à La Clusaz, le 23 mai 2021 - OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP

Dans la station de la Clusaz, dans les Alpes, des associations écologistes s'opposent à l'implantation d'une cinquième retenue d'eau sur le plateau de Beauregard. Un projet qui vise principalement à renforcer la production de neige artificielle.

C'est un projet qui divise. À la Clusaz (Haute-Savoie), une nouvelle retenue d'eau doit être implantée pour alimenter les canons à neige de la station de ski. Le but: allonger la durée d'exploitation de son domaine skiable chaque année et renforcer sa rentabilité.

Cette retenue collinaire doit être construite sur le plateau de Beauregard, un réservoir de 148.000 mètres cubes d'eau. Elle serait la cinquième retenue d'eau de ce type implantée dans la commune.

Selon l'enquête publique menée auprès de la population, ce projet répond officiellement à plusieurs objectifs.

En plus d'assurer "l'enneigement de début de saison et d'atténuer l'impact du changement climatique", cette retenue d'eau vise à "garantir l’alimentation en eau potable de la population et (...) de permettre à l’économie locale (touristique et agricole) d’évoluer vers un modèle durable".

Un modèle de développement remis en cause

Mais des associations et des militants écologistes s'y opposent fermement. L'implantation de cette retenue collinaire nécessite en effet de détruire le bois de la Colombière situé sur le plateau de Beauregard, une aberration pour de nombreux militants.

Malgré cela, le préfet de Haute-Savoie a accordé, le 19 septembre dernier, un avis d'utilité publique par arrêté. Quelques jours plus tard, des militants se regroupaient et installaient une ZAD en altitude, pour protester contre le projet.

Au-delà de l'impact environnemental, c'est aussi le modèle de développement des stations de ski qui est dénoncé alors que le réchauffement climatique limite de plus en plus la pratique. "Notre monde devient fou", a réagi la députée écologiste Sandrine Rousseau sur Twitter.

"Le réchauffement climatique s’emballe, la neige disparaît, la sécheresse progresse. Que pensez-vous qu’ils firent? Un plan d’adaptation, de conversion du tourisme, réfléchir un avenir autrement ? Non. De la neige ARTIFICIELLE", a-t-elle poursuivi.

À terme, la commune affirme toutefois vouloir adapter son activité à l'évolution du climat. Mais elle entend, dans un premier temps, financer cette transition grâce à ce projet de retenue collinaire.

"L’objectif clairement annoncé est de financer, par une activité de sports d’hiver soutenue, les investissements nécessaires à la transformation de la station en une station touristique de toutes saisons", peut-on ainsi lire dans le compte rendu de l'enquête publique.

Une forte dépendance de l'économie locale

Mais le projet ne s'attire pas que des détracteurs. Vendredi soir, plusieurs centaines de personnes favorables à l'implantation de la retenue collinaire se sont rassemblées pour afficher leur soutien, a rapporté Le Dauphiné. Une position largement partagée qui s'explique notamment par la forte dépendance économique de la commune et de ses 2000 habitants aux activités de ski et de tourisme.

Interrogé par TF1 le 20 octobre, le directeur des remontées mécaniques de la Clusaz a indiqué que l'entreprise locale représentait 120 millions d'euros de chiffre d'affaires et employait environ 2000 personnes. "L'actionnaire de cette petite PME c'est la commune, les commerçants, les habitants du village", a-t-il précisé.

Le tribunal administratif de Grenoble a examiné jeudi en référé la demande de cinq associations de protection de l'environnement parmi lesquelles figurent France Nature Environnement, la Ligue de protection des oiseaux et Mountain Wilderness France, comme le rapporte Le Monde. Pour appuyer leur demande, ces organisations ont remis en cause l'autorisation préfectorale permettant de déroger aux règles de protections des espèces menacées. Un sésame sans lequel les travaux ne pourront avoir lieu.

Le tribunal annoncera mardi si les travaux peuvent démarrer ou non.

Nina Le Clerre