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La patronne de Radio France dénonce des réseaux sociaux qui "participent à la fatigue de la société"

Invitée de Good Evening Business, Sibyle Veil estime que les réseaux sociaux mettent en avant "ce qui clashe, indigne et suscite la colère" à l'image des polémiques autour de l'animateur Cyril Hanouna et de l'humoriste Guillaume Meurice.

Quelques jours après la polémique générée par une chronique de l'humoriste Guillaume Meurice sur France Inter, Sibyle Veil a profité de sa venue sur le plateau de BFM Business pour donner sa vision des réseaux sociaux et de leurs conséquences sur la société française. "J'observe que beaucoup de Français se sentent aujourd'hui un peu fatigués, désabusés face à la montée de la violence, de la colère, de la haine notamment sur les réseaux sociaux qui contaminent ensuite certains médias, a expliqué la présidente-directrice générale de Radio France. On le retrouve dans la rue, dans les arènes politiques et il y a une fatigue qui nait de tout ça."

"Les réseaux sociaux qui portaient au départ une promesse de libération de la parole, de lien sont au coeur d'une mécanique insidieuse qui fait que pour pouvoir séduire le public, prendre le plus de votre temps disponible, ils mettent en avant ce qui clashe, ce qui indigne, les positions les plus extrémistes, ce qui suscite la colère."

Des répercussions sur les élections et le climat social

Selon elle, cette mécanique "participe d'un durcissement et d'une fatigue de la société" qui "a un effet de contamination sur les autres sphères comme les médias mais aussi dans la rue". Elle prend ainsi l'exemple des récentes émeutes urbaines: "c'était très loin du point de départ qui était le décès d'un jeune homme. C'était vraiment la viralisation des images de violence qui a entrainé une jeunesse dans la rue. Je pense qu'il y a des excès qui sont visibles et qu'il faut prendre conscience des mécanismes qui mènent à ça."

La patronne de Radio France cite également la violence qui s'est propagée à l'occasion du mouvement des Gilets jaunes. "On voit que ces réseaux donnent un écho tout particulier aux propos les plus durs, de plus en plus aux propos les plus extrêmes, aux appels à la mobilisation, constate Sibyle Veil. Dans les différents pays qui nous entourent, on voit les répercussions que ça peut avoir sur les élections, le climat social, les démocraties et même la confiance dans les médias."

Un enjeu pour s'adresser aux jeunes

Interrogée sur sa position vis-à-vis de X (ex-Twitter), Sibyle Veil explique regretter l'évolution que connait le réseau social depuis des mois et notamment depuis qu'Elon Musk en est devenu propriétaire, mentionnant la réduction voire la suppression des équipes de modération ou encore la nécessité de payer afin de voir ses contenus mis en avant. Cependant, la PDG de Radio France assume de maintenir la présence du groupe sur la plateforme:

"En tant que service public, si on n'y va pas, ça veut dire qu'on laisse le champ libre à tous ceux qui sont dans la désinformation et la manipulation."

Elle prend l'exemple actuel du conflit au Proche-Orient qui se traduit par "une guerre d'information et d'émotion" et qui montre "à quel point ce qui se passe sur les réseaux sociaux est important". "Il faut qu'on puisse y être car de plus en plus de Français s'y informent et en particulier les jeunes, insiste-t-elle. On y est aussi pour faire connaître ce qu'on fait et donner envie aux jeunes de venir nous écouter."

Timothée Talbi