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98% des stations de ski européennes pourraient disparaître dans les prochaines décennies

Si le réchauffement climatique atteint les 4° C, la quasi-totalité des stations en Europe feraient face à un risque élevé d'approvisionnement en neige, conclut une étude publiée par des spécialistes du climat.

Les heures du ski sont-elles comptées en France et en Europe? Arrivée en France avec l'exposition universelle de 1878, cette activité pourrait dramatiquement disparaître dans les prochaines décennies du fait du changement climatique.

Selon une étude internationale publiée ce 28 août dans Nature Climate Change réalisée par des chercheurs spécialistes du climat et des ingénieurs du Centre National de la Recherche Météorologique en France, une hausse moyenne de 4° C pourrait mettre en péril la quasi-totalité des 2234 stations de ski dans 28 pays européens.

"Elles devraient être exposées à un risque très élevé d'approvisionnement en neige en cas de réchauffement climatique de 4° C", indiquent les auteurs.

Or ce scénario d'une hausse des températures moyennes de 4° C est une hypothèse prise au sérieux pour la France métropolitaine par le Conseil national de la transition écologique.

"Cette étude montre que dans toutes les régions montagneuses d'Europe, le changement climatique à venir va conduire à des conditions de neige dégradées par rapport aux décennies précédentes, même si elles varieront d'une région à l'autre et à l'intérieur des régions", note l'un des auteurs, Samuel Morin, chercheur en physique de la neige.

71% des stations à risque avec la neige de culture

Sans recours à la neige de culture, il apparaît que 53% des stations feraient face à un risque "très élevé" de manque de neige si la hausse était de 2°C. En recourant à la production de neige artificielle, la proportion de stations à risque baisserait à 27% (hausse de 2°C) et 71% (4°C).

Mais la neige de culture a "peu d'effet" dans les domaines à faible altitude ou situés trop au sud, les températures trop élevées ne permettant pas de fabriquer de la neige de manière efficace.

Par ailleurs, la fabrication de neige peut elle-même contribuer à l'accélération du changement climatique en raison de la forte demande en énergie qu'elle induit, relève l'article. Elle se traduit également par une hausse de la demande en eau, souligne-t-elle.

Au final, le principal message de l'étude aux décideurs, "c'est que oui, la production de neige peut accompagner l'adaptation des stations de sport d'hiver et avoir un effet direct sur la capacité d'exploitation des domaines skiables. Mais cette solution n'est pas générique, ce n'est pas une solution miracle qu'on va pouvoir appliquer partout de manière systématique", explique à l'AFP l'auteur principal de l'étude, le chercheur grenoblois Hugues François.

10 milliards d'euros pour le ski en France

"Le plus important à prendre en compte c'est l'hétérogénéité" des cas, y compris à l'intérieur d'un même massif, souligne-t-il. L'enjeu pour les décideurs est d'"aller vers des politiques plus ciblées".

En France, par exemple, "les remontées mécaniques sont un service public", ce qui fait que "le ski, c'est très politique". "Il y a peu de régions en Europe dans lesquelles la puissance publique intervient de manière aussi forte qu'en France".

A ce modèle, la Suisse et l'Autriche, deux autres grands pays de ski, préfèrent des "formes d'aménagement pilotées par des syndicats locaux, de droit privé, avec une approche souvent plus pragmatique et sur le terrain des choses", estime-t-il.

La moitié des stations de ski du monde sont situées en Europe, où elles génèrent un chiffre d'affaires annuel de plus de 30 milliards d'euros et représentent une manne très importante pour les économies locales, même si cela ne représente que 3% des recettes globales directes liées au tourisme en Europe, relève cette étude.

La France compte à elle seule 250 stations de ski alpin et 200 entreprises de stations de ski. Le secteur engrange 10 milliards d'euros par an de retombées économiques.

Frédéric Bianchi avec AFP