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Comment des producteurs laitiers créent un modèle sans intermédiaires

Des producteurs laitiers ont fait le choix de collecter, transformer et distribuer eux-mêmes le lait sans passer par des industriels. Exemple dans cette ferme de Remouillé en Loire-Atlantique.

En pleine crise agricole certains producteurs laitiers ont fait un choix radical. Ils prônent un tout autre modèle économique afin d'assurer un revenu minimum de 1700 euros mensuel à chaque éleveur. Pour cela, des producteurs ont fondé une laiterie indépendante. L'objectif : collecter, transformer et distribuer eux-mêmes le lait. C'est la stratégie de Fabrice Hégron, propriétaire de la laiterie "En direct des éleveurs, une ferme située à Remouillé en Loire-Atlantique.

Son objectif est de s'affranchir des intermédiaires et inventer un autre modèle agricole. Dès 2016, il crée une laiterie indépendante en investissant 8,5 millions d'euros pour prendre le contre-pied du système actuel.

"Un certain nombre de gens (...) maîtrisent depuis 40 ans ce système, et le problème, c'est qu'ils ne veulent pas le lâcher", explique à BFM Business Fabrice Hégron.

Ce producteur constate que cette organisation a eu un impact sur les exploitations laitières. En France, en 1999, on trouvait 120.000 exploitations laitières.

"A priori on serait 45.000 aujourd'hui. Et en 2010, il avait été annoncé par le Haut Conseil de la coopération agricole qu'on ne serait plus que 35.000 en 2025".

Un modèle commercial incompatible

L'an dernier, Fabrice Hégron a réussi à vendre un peu plus de 7 millions de litres de lait. En revanche, la laiterie ne souhaite pas communiquer sur le prix versé aux éleveurs. Autre modèle économique pour s'en sortir...

A quelques kilomètres de là, Jérémy Maillard, lui, élève 135 vaches laitières. Chaque jour 5.500 litres de lait sont produits dans sa ferme. Une prouesse rendue possible grâce à l'utilisation de 3 robots. Mais Jérémy Maillard dénonce un modèle commercial incompatible.

"Comme toutes les autres entreprises, on a des charges. Toutes les autres entreprises font ce bilan de charge là et calculent le prix où ils peuvent vendre le produit. Nous, c'est à l'inverse ; on a un prix au consommateur et après chacun prend sa marge et après il reste le reste à l'agriculteur. Mais ce n'est pas logique, ce n'est pas dans ce sens-là qu'il faut le penser."

Le mois dernier, Jérémy Maillard avait manifesté pour dénoncer la politique de Lactalis. Il estime que le groupe n'a pas respecté la loi Egalim. Une loi censée offrir aux agriculteurs une rémunération tenant compte de leurs coûts de production

Reportage de Zidane Azzouzi