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Casino: pourquoi Daniel Kretinsky est désormais seul en lice

Le trio Zouari-Niel-Pigasse n’a pas déposé de nouvelle offre pour le distributeur. Les créanciers, qui se réunissent ce lundi, n’auront donc sous les yeux que celle de Daniel Kretinsky.

Encore un rebondissement dans le dossier Casino. Le trio Zouari-Niel-Pigasse - aussi appelé 3F - qui soutenait jusqu’ici une offre de reprise et de recapitalisation du distributeur en difficulté, a décidé de jeter l’éponge, a-t-il annoncé dès dimanche 16 juillet.

Dans un communiqué, il explique qu’"à la suite d’une situation financière plus dégradée que prévu, il avait formulé des demandes précises, indispensables au dépôt d’une offre sérieuse, sur la projection des besoins de liquidité et de résultat d’ici la fin de l’année, mais également sur les résultats de Cdiscount au 2e Trimestre, comme sur l’ensemble des engagements hors bilan qui pèsent sur le groupe", mais qu’il "n’a pas reçu les informations demandées". 

"Les dés sont pipés"

"Les dés sont pipés", d’après une source proche de ce trio, qui précise que celui-ci n’a pas voulu continuer "à armes inégales" alors que "le choix du repreneur avait été fait" et qu’il n’avait pas "les mêmes informations" que la partie adverse.

Il n’a pu que constater, aussi, que plusieurs fonds, dont le britannique Attestor Capital, avec qui il voulait mener son projet, s’étaient en fait ralliés à Daniel Kretinsky. "C’est faux de dire que Casino a déjà choisi", assure une source au cœur des négociations, tout en précisant que l’offre de Daniel Kretinsky et de son allié Marc Ladreit de Lacharrière "est le mieux disant". "Le fait est", dit-elle aussi, que le trio "a eu du mal à aligner tant d’argent garanti".

Kretinsky, "mieux disant"

Pour emporter la mise, ces derniers jours, Daniel Kretinsky a rééquilibré son projet. Comme il le dit dans un entretien au quotidien Les Echos et comme cela nous a été confirmé par une source proche du dossier, le milliardaire tchèque propose de réduire l’endettement de Casino de 6 milliards d’euros, avec un apport d’1,2 à 1,3 milliard d’euros d’argent frais, soit un peu moins que précédemment, pour faire davantage de place aux créanciers.

Du côté de Daniel Kretinsky, on insiste aussi sur sa stratégie "industrielle", sur le maintien du siège du groupe à Saint-Etienne et "sur la nécessité de réinvestir dans les magasins pour les relancer, y compris en termes de personnel".

C’est donc sur cette nouvelle offre que vont se pencher les créanciers de Casino ce lundi, au Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri), à Bercy, en présence des conciliateurs, qui travaillent à la restructuration de la dette du distributeur. Contacté par BFM Business, le ministère de l’Economie et des Finances, n’a pas souhaité commenter le retrait du trio Niel-Pigasse-Zouari.

"Ce n’est pas fini"

Cette journée de lundi, en tout cas, s’annonce chargée. D’après nos informations, un comité ad hoc, composé d'administrateurs indépendants de Casino et des membres du comité d’audit, chargés de suivre les différentes offres et la procédure de conciliation, a prévu de se réunir avant la présentation aux créanciers.

Et le conseil d’administration doit le faire après. Mais à en croire une source proche du dossier, la messe n’est peut-être pas dite et le trio Niel-Pigasse-Zouari n’a peut-être pas dit son dernier mot. "Daniel Kretinsky a gagné la première manche, mais pas le match", nous assure cette source, qui martèle que "ce n’est pas fini" et que ce sont "les créanciers qui auront le fin mot de l’histoire."

Pauline Tattevin