Société Générale: Slawomir Krupa, un pur produit maison pour succéder à Frédéric Oudéa

Après 15 ans à la tête de la Société Générale, Frédéric Oudéa cède mardi sa place à Slawomir Krupa. Jusqu'ici en charge de la banque de financement et d'investissement, il a fait ses preuves pendant 27 ans à la "SoGé".

La Société Générale change de patron. Slawomir Krupa succédera officiellement à Frédéric Oudéa ce mardi, à l'issue de l'assemblée générale de la banque. À 48 ans, cet homme de marché a un profil très différent des autres patrons de banques françaises. Pur produit maison, il est entré à la Société Générale il y a 27 ans et y a fait toute sa carrière.

Kerviel, subprimes, litiges aux États-Unis: il a géré toutes les crises

Né en Bulgarie et d'origine polonaise, Slawomir Krupa a fait ses études en France, à Sciences Po Paris. En 1996, il débute à la "SoGé" par la voix royale, l'inspection générale, avant d'intégrer la banque de financement et d'investissement. Au cours de sa carrière, il a été au cœur de toutes les crises. Il était ainsi aux côtés de Jean-Pierre Mustier, alors patron de la banque de financement et d'investissement, lors du débouclage des opérations liées à l'affaire Kerviel.

Slawomir Krupa était là, encore, lors de la crise des subprimes, puis de celle des dettes souveraines. En 2016, il prend la direction des activités aux États-Unis à un moment crucial: la banque est alors empêtrée dans plusieurs gros litiges avec les autorités américaines dans une affaire de corruption avec le fonds souverain libyen et de manipulation des taux interbancaires. C'est lui qui se charge de restaurer la confiance.

En 2021, enfin, il prend la tête de la banque de financement et d'investissement, qu'il va complètement restructurée pour la sortir des activités les plus risquées.

Un banquier atypique

Tout le monde décrit Slawomir Krupa comme "un bourreau de travail", unanimement reconnu dans les activités de marché mais très exigeant, parfois même trop.

"C'est quelqu'un de très dur, qui va devoir apprendre à arrondir les angles", explique l'un de ses anciens responsables.

Son profil tranche en revanche avec celui des autres grands banquiers français. Il n'a fait ni l'ENA, ni Polytechnique. Il a un "simple" diplôme de Sciences Po et n'a jamais mis un pied dans un cabinet ministériel. Autrement dit, ce n'est pas un homme du sérail. Mais cela ne l'a pas empêché de convaincre l'ensemble des administrateurs de lui confier les rênes de la banque.

Depuis sa nomination, il y a huit mois, Slawomir Krupa a eu le temps de se mettre en ordre de bataille. Une nouvelle équipe de direction a été installée dès la mi-mars qui planche déjà sur le futur plan stratégique, qui doit être dévoilé en septembre prochain.

Caroline Morisseau