BFM Business
Assurance Banque

La Fed opte pour la prudence

Janet Yellen , la présidente de la Fed a toutefois indiqué qu'une hausse des taux restait possible pour le mois d'octobre

Janet Yellen , la présidente de la Fed a toutefois indiqué qu'une hausse des taux restait possible pour le mois d'octobre - Alex Wong - Gettty Images - AFP

L'institution américaine a finalement maintenu ses taux d'intérêts proche de zéro, ce jeudi 17 septembre. Elle reporte ainsi à plus tard la normalisation de sa politique monétaire. Peut-être pour octobre, si l'on en croit sa présidente Janet Yellen.

La Fed a finalement joué la carte de la prudence. La Réserve fédérale américaine a décidé de maintenir inchangé ses taux directeurs, ce jeudi 17 septembre, au terme d'une réunion de deux jours âprement suivie par les marchés.

Ces taux restent ainsi à leur niveau plancher, entre 0 et 0,25%, fourchette dans laquelle ils stagnent depuis 2008. Cette décision a été prise à la quasi-unanimité, un seul membre du Comité monétaire (Jeffrey Lacker) ayant voté en faveur d'une hausse d'un quart de point.

L'institution évoque notamment "les récents développements de l'économie mondiale et financière" pour justifier sa décision, soit une référence à peine voilée à la crise qui a secoué les bourses chinoises cet été.

Lors de la conférence de presse, sa présidente, Janet Yellen a ensuite été plus explicite en affirmant que "des inquiétudes plus vives concernant la croissance en Chine et dans d'autres marchés émergents ont conduit à une volatilité sur les marchés financiers".

Une inflation trop faible

La Fed explique dans son communiqué que cet aléa économique et financier pourrait "restreindre quelque peu l'activité économique et est susceptible d'accentuer la pression à la baisse sur l'inflation à court terme". Or, actuellement l'évolution des prix aux Etats-Unis s'élève à +0,3% sur un an, chiffre très éloigné des +2% visés par la Fed. Un objectif que Janet Yellen a encore affirmé vouloir atteindre "au plus" vite lors de sa conférence de presse.

Cette tendance n'a pas empêché la Fed de revoir à la hausse ses perspectives de croissance pour les Etats-Unis, tablant désormais sur une progression du PIB de 2,1% , contre 1,9% auparavant. Sur le front de l'emploi, l'institution relève que le marché du travail continue "de s'améliorer avec de solides créations d'emploi et un repli du chômage".

Le taux de chômage est tombé en août à 5,1% son plus bas niveau depuis 7 ans. Mais bon nombre d'observateurs font valoir que ce chiffre, si bon soit-il, cache un taux d'emploi faible, et est partiellement dû à la hausse des postes à temps partiel. 

Une hausse des taux en octobre?

Au final, la Fed remet donc à plus tard une éventuelle hausse des taux. Une décision qui semble inéluctable au vu de l'embellie progressive de l'économie américaine. Elle est par ailleurs nécessaire pour prévenir le risque d'une bulle sur les actifs financiers, dont les cours seraient dopés par des taux artificiellement bas.

Mais cette décision s'apparente en fait à l'atterrissage d'un avion. Si la manoeuvre est opérée trop brutalement, il y a un risque de crash. Relever trop brusquement et trop rapidement les taux risque ainsi de perturber des marchés habitués à une politique monétaire très souple. La perspective de voir la Fed hausser ses taux en septembre, avait d'ailleurs été l'un des éléments qui avaient accentué la chute des Bourses chinoises (et plus globalement des marchés émergents), en août.

Ce pourquoi il était urgent de ne rien faire."Nous ne pensons pas qu'enfoncer la pédale de frein soit la bonne politique" a d'ailleurs déclaré Janet Yellen

"Il semble qu'il n'y ait aucune urgence à effectuer un resserrement monétaire : l’économie n'est pas en situation de surchauffe et aucun signe n'indique qu'elle pourrait l'être prochainement", écrivait pour sa part l'économiste de BNP Paribas Alexandra Estiot dans une note publiée plus tôt ce jeudi. Mais cette dernière soulignait toutefois que la politique de taux de zéro de la Fed est de plus en plus difficile à justifier au vu de la faiblesse du chômage.

Paul Ashworth, économiste chez Capital Economics est du même avis. Tablant sur une hausse des taux de 0,25% d'ici à la fin de l'année, il explique que "le marché du travail est désormais proche du plein emploi, et donc (la hausse des taux, ndlr) n'est qu'une question de temps. Et le plus longtemps la Fed attendra, le plus haut les taux auront besoin d'être relevés". 

Et d'ailleurs Janet Yellen elle-même a expliqué lors de sa conférence de presse qu'une hausse des taux de la Fed le mois prochain restait "une possibilité".