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Deux traders de la Société Générale licenciés pour avoir pris des positions non autorisées

Ils travaillaient à Hong Kong et effectuaient des opérations sur le marché des produits dérivés. L'un d'entre eux accuse aujourd'hui la direction de la banque, qui avait pourtant pris des mesures après le scandale lié au trader Jérôme Kerviel en 2008.

La Société Générale à nouveau dans l'oeil du cyclone à cause des agissements de ses traders?

Alors que le scandale Jérôme Kerviel à 4,9 milliards de dollars en 2008 est encore dans toutes les têtes, Bloomberg révèle que fin 2023, deux traders travaillant pour la banque française à Hong Kong ont été licenciés pour des opérations non autorisées sur le marché des produits dérivés.

L'épisode, qualifié d'"incident" a été confirmé par la SocGen. Elle indique que ses systèmes de conformité ont détecté ces opérations non autorisées.

RMC : La vie d'un courtier comme Jérôme Kerviel.
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Cet "incident commercial ponctuel en 2023 n’a généré aucun impact et a conduit à des mesures correctives appropriées", affirme la banque qui met en avant le renforcement de sa gestion des risques, justement après l'affaire Kerviel.

Concrètement, l'un des traders qui a effectué les transactions à Hong Kong n'a pas dépassé les montants autorisés, mais avait placé des paris sur des contrats d'options liés à des indices boursiers indiens qu'il n'était pas autorisé à réaliser.

Néanmoins, ces opérations ont été repérées après "un certain temps" selon une source proche du dossier citée par l'agence, ce qui contredit donc les déclarations de la banque. Comme la plupart étaient des transactions intrajournalières, cela n'a pas été détecté immédiatement, ajoute cette source.

"Bouc émissaire"

Problème, si les marchés indiens s'étaient effondrés dans un court laps de temps, la Société Générale aurait pu être exposée à des pertes massives, souligne-t-elle. Par chance, aucune perte n'a finalement été générée sur ces transactions.

Mais cette nouvelle affaire écorne quelque peu la stratégie de gestion des risques mise en place depuis 2008.

D'ailleurs, un des deux traders licencié affirme que "l'ensemble de l'équipe des risques et les autres patrons" étaient également responsables dans cette affaire.

Dans son post LinkedIn, Kavish Kataria estime être devenu un "bouc émissaire" et affirme que toutes ses transactions étaient correctement enregistrées et visibles par ses supérieurs à Hong Kong et à Paris.

"Au lieu d'assumer la responsabilité de la défaillance de leur système de risque et de ne pas identifier les transactions au bon moment, ils m'ont licencié et ont résilié mon contrat", poursuit-il.

"Si l'équipe de gestion des risques et son système de gestion des risques avaient identifié les transactions dès le premier jour et m'avaient informé que les transactions ne faisaient pas partie de mon mandat, je n'aurais pas négocié cette stratégie", a-t-il écrit.

Jérôme Kerviel s'en mêle

"Je reconnais avoir négocié des options sur des indices indiens et, selon moi, cela faisait partie de mon mandat et tout à fait dans les limites du trading", poursuit le trader. La Société Générale a refusé de commenter cette déclaration.

Dans son post, Kavish Kataria en profite aussi pour se plaindre de ne pas avoir perçu son bonus de l'année précédente. Il a affirmé avoir gagné 50 millions de dollars pour la banque en huit mois.

Suite à la médiatisation de cette affaire, Jérôme Kerviel s'est fendu d'un tweet ironique: "Bon ben je quitte l’Asie et je rentre en France j’ai fini le boulot…"

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business