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Ardennes: l'Etat se retire du projet de relocalisation des cycles Mercier pour des "faits graves"

Mercier va être relocalisée à Revin (Ardennes) avec un investissement de 2,4 millions d’euros et de l’embauche de 140 salariés cette année et 270 dans 5 ans

Mercier va être relocalisée à Revin (Ardennes) avec un investissement de 2,4 millions d’euros et de l’embauche de 140 salariés cette année et 270 dans 5 ans - Cycle Mercier

Ce projet vise à rapatrier la production de vélos mécaniques et électriques Mercier fabriqués jusqu'à présent en Asie dans usine à Revin, une commune de 6000 habitants.

L'Etat a décidé de retirer son soutien au projet de relocalisation des cycles Mercier à Revin (Ardennes), sans en indiquer la cause, un projet pour lequel "plus de cinq millions" de subventions publiques étaient en jeu, a indiqué vendredi le préfet.

Mi-mars, la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault s'était félicitée sur place de ce projet, y voyant "le retour du développement industriel". Le retrait du soutien de l'Etat fragilise ce projet de relocalisation industrielle qui vise à rapatrier la production de vélos mécaniques et électriques fabriqués jusqu'à présent en Asie dans une nouvelle usine sur une ancienne friche industrielle de cette commune de 6000 habitants, proche de la frontière belge.

Des faits "graves"

Au total, au moins cinq millions d'euros de subventions publiques - dont 800.000 euros de subvention du Fonds d'accélération des investissements industriels - devaient être alloués pour accompagner ce projet, qui prévoyait la création de 270 emplois sur le site d'ici cinq ans.

"A l'occasion de l'instruction du dossier, un certain nombre d'alertes nous sont parvenues qui ont suscité des investigations complémentaires et conduit l'Etat à indiquer qu'il ne peut pas finalement accorder les subventions qui étaient prévues", a déclaré vendredi le préfet des Ardennes, Jean-Sébastien Lamontagne, confirmant une information de l'Union-l'Ardennais.

Le préfet n'a pas révélé les raisons de cette décision, précisant simplement que "les services de l'Etat ont relevé des faits suffisamment graves pour considérer en responsabilité qu'il n'est pas possible d'engager de l'argent public".

Selon le préfet, l'Etat a toutefois pris des "engagements" pour "redéployer les aides publiques qui devaient être consacrées à ce projet" vers "d'autres projets ardennais (...), prioritairement du secteur de Revin".

"Incompréhension totale"

Dans une réaction transmise à l'AFP vendredi, Jean-Marc Seghezzi, le PDG de l'entreprise qui devait investir 2,5 millions d'euros, a indiqué espérer que "l'Etat fasse marche arrière et organise un rendez-vous au cabinet du Premier ministre".

"Nous réunissons tous les critères pour s'inscrire dans une démarche de relance économique locale, l'écologie, les mobilités vertes, l'emploi", a-t-il ajouté, faisant part de son "incompréhension totale".

Jean-Marc Segghezzi raconte avoir été reçu par le ministère de l'Industrie en octobre 2020, avoir travaillé "d'arrache-pied pendant dix mois" et avoir tous les "rescrits sociaux et fiscaux validant un dispositif bassin d'emploi à redynamiser".

Dans un communiqué, le président de la région Grand-Est Jean Rottner a demandé à l'Etat de "revenir sur cette décision" et de "maintenir son soutien", évoquant une "incompréhension et un sentiment d'abandon".

"Ce revirement de l'Etat entraîne une grande frustration et beaucoup de déception pour l'entreprise, pour nous, les collectivités locales, et pour tout un territoire", a-t-il déploré.

"L'Etat ne peut pas faire des annonces comme ça sans avoir pris des garanties suffisantes. Avant de sortir du bois il faut être sûr", a déploré, "en colère", le député des Ardennes Pierre Cordier (apparenté LR), affirmant que le territoire, "avec 27% de chômeurs," est "marqué par cette parole de l'Etat qui n'est absolument pas suivie d'effets."

Sollicité, Bercy renvoyait vers la préfecture tandis que Starship Investments, le fonds luxembourgeois propriétaire de la marque, n'a pas souhaité commenter.

P.D. avec AFP