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Alstom étudie la vente de filiales aux États-Unis et en Chine

Alstom espère récupérer jusqu’à un milliard d’euros de ces cessions mais il n’est pas en position de force pour tirer un bon prix. L’augmentation de capital s’annonce inévitable.

Situation délicate pour Alstom. Il y a deux semaines, le groupe ferroviaire a annoncé vouloir réduire de deux milliards d’euros sa dette de 3,5 milliards. Des ventes d’activités sont étudiées et selon plusieurs sources proches du groupe, deux filiales locales sont ciblées, aux États-Unis et en Chine. Objectif: récupérer un milliard d'euros.

La première filiale de "signalisation" regroupe les systèmes électroniques embarqués et la gestion des trains sur les réseaux ferroviaires. Alstom a repris cette activité américaine à General Electric en 2015 lorsque ce dernier avait racheté l’ensemble de sa branche énergie. A l’époque, le groupe l’avait payée 600 millions d’euros pour environ 350 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Mais selon nos informations, il a aujourd’hui baissé à 200 millions d’euros et il sera difficile d’en espérer plus de 500 millions d’euros à la revente. Le groupe français s’en sépare car l’activité est concentrée sur les États-Unis et sur des réseaux peu denses, là où Alstom opère peu.

En Chine, des opérations complexes

L’autre grand pays qui devrait être concerné est la Chine. Mais le dossier est bien plus complexe car Alstom n’y opère qu’à travers des coentreprises. Le groupe en compte 11 dont il détient 50% du capital (voire 49%) aux côtés, pour la plupart, du grand rival chinois CRRC.

Les trois plus importantes, Casco, Sifang et Jiangsu -héritée de Bombardier, sont valorisées 780 millions d’euros au bilan d’Alstom et rapportent un peu plus de 100 millions d’euros de bénéfice par an. "Le prix va dépendre du gouvernement chinois, résume une source proche du groupe. Mais Alstom ne veut pas sortir de Chine en bradant ses parts."

Le Débrief : Alstom, des problèmes de liquidités - 06/10
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Pour éviter un bras de fer perdant contre CRRC, le groupe étudierait une solution consistant à faire entrer un investisseur à ses côtés pour récupérer du cash, tout en conservant ses positions dans les coentreprises. Mais comme pour les États-Unis, Alstom risque de ne pouvoir récupérer que quelques centaines de millions d’euros de cash. Contacté, le groupe n'a pas souhaité commenter nos informations.

Une augmentation de capital inéluctable?

Au total, le milliard d’euros espéré aura du mal à être atteint alors la direction étudie également la vente d’activités comme le fret ferroviaire. Celle-ci rapporterait peu et nécessiterait d’abord d’être filialisée pour être vendue.

La tâche s’annonce d’autant plus difficile que les montants qui manqueront seront réclamés aux actionnaires. Lors de l’annonce des résultats semestriels, mi-novembre, le projet d’une augmentation de capital avait fait débat au sein du conseil d’administration d’Alstom. Ses deux grands actionnaires, la Caisse de Dépôt et Placement du Québec (17,4%) et BPI France (7,5%) n’y sont pas très favorables. Mais ils se résigneront à réinvestir tant que le groupe réalisera des cessions.

"BPI assumera ses responsabilités d’actionnaires de référence", confiait la banque publique lors de la publication des comptes.

De son côté, le PDG Henri Poupart-Lafarge souhaite cette augmentation de capital. Selon une source bancaire, "il faudrait une augmentation de capital d’un milliard d’euros". En attendant, Alstom a décroché en urgence un prêt de 2,25 milliards d’euros auprès de BNP Paribas pour éviter une dégradation de la note de sa dette par l’agence Moody’s. Les besoins en capital vont devenir urgent.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business