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Airbus: « L'objectif doit être de voler sans émission »

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- - REMY GABALDA / AFP

Le nouveau patron d'Airbus Guillaume Faury affiche ses ambitions: il estime que les avions à moteurs électriques devraient pouvoir voler dès la prochaine décennie.

La course à l'électrique ne concerne pas uniquement le secteur automobile. Le secteur aéronautique compte bien réduire lui aussi les émissions de CO2 dans les années à venir. Le nouveau patron d'Airbus fixe le cap pour les moteurs d'avions électriques dans un entretrien accordé au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Le patron d'Airbus, Guillaume Faury, estime que les avions devront voler sans émission polluante et souhaite donc le développement de moteurs électriques suffisamment puissants. Mais il va falloir patienter. « Cela prendra du temps », notamment parce que les batteries sur le marché ne sont pas suffisamment puissantes pour les avions actuellement.

Pour l'heure, le constructeur aéronautique investit dans des petits prototypes entièrement électriques appelés City-Airbus et Vahana. « S'ils sont opérationnels, nous augmenterons progressivement la taille des machines » indique Guillaume Faury.

Pour le successeur de Tom Enders, l'objectif est clair: « Nous devons introduire des moteurs électriques dès la prochaine décennie. L'objectif doit être de voler sans aucune émission ». Il juge également nécessaire de s'intéresser à l'hydrogène, aux biocarburants et aux carburants synthétiques, pas assez développés aujourd'hui.

En attendant le tout électrique, l'objectif est de trouver des solutions pour réduire au maximum les émissions de CO2. Première piste, améliorer la gestion du trafic: « Les émissions polluantes augmenteront moins si les anciens avions sont remplacés par des modernes. Mais ce n'est pas suffisant. En améliorant la gestion du trafic aérien, il est possible de réduire de 10 à 15% la consommation de carburant et les émissions de CO2 » assure Guillaume Faury.

Guillaume Faury opposé à une hausse des taxes

Quant à l'idée de taxer les carburants des avions, « des solutions autonomes, à l'échelle régionale ou locale, sont contreproductives », estime-t-il. « Plus d'imposition signifierait moins d'innovation. Pour les gouvernements, c'est tentant parce qu'ils peuvent dire: « je fais quelque chose et j'obtiens des recettes fiscales», a-t-il déclaré. Mais si un pays européen taxait seul les carburants, « les compagnies aériennes feraient un plein plus important afin d'éviter de faire le plein dans ce pays » et les émissions augmenteraient en conséquence car les appareils seraient inutilement plus lourds, selon le patron d'Airbus.

Se mettre au vert. C'est donc l'un des nombreux défis qui attendent le nouveau patron du groupe aéronautique. Guillaume Faury, 51 ans, devra aussi affronter la fin de l'A380, les difficultés de l'A400M ou encore les retombées des enquêtes anti-corruption qui vise le constructeur européen.

Airbus avait dévoilé mi-février des résultats financiers positifs sur 2018: le chiffre d'affaires consolidé a atteint 63,7 milliards d'euros, en progression de 8%, pour un bénéfice net établi à 3 milliards d'euros, en hausse de 29%. Airbus a totalisé 55,5 milliards d'euros de commandes en 2018. Après avoir livré 800 appareils en 2018, le groupe voit plus grand pour 2019: il s’est fixé pour objectif d’en livrer entre 880 et 890 cette année.

Sandrine Serais