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Agriculture

Colère des agriculteurs: Jérôme Bayle se dit "prêt à recommencer" le mouvement malgré le projet de loi

Jérôme Bayle, l'un des initiateurs du mouvement de contestation des agriculteurs, a estimé que la profession n'était pas satisfaite du projet de loi du gouvernement présenté ce mercredi 3 avril. Il estime que "les grands groupes" devraient être "plus ciblés".

Vers un retour du mouvement de colère des agriculteurs? "On est prêts à recommencer", a assuré ce mercredi 3 avril sur BFMTV Jérôme Bayle, un des initiateurs du mouvement de contestation de janvier et février, alors que le gouvernement dévoile ce mercredi un projet de loi visant à améliorer la condition des exploitants.

"Rien n’est exclu bien sûr. Je le dis depuis le début, les agriculteurs ne crèveront pas la gueule ouverte", a renchéri l'éleveur bovin de Haute-Garonne.

Ce mercredi, des agriculteurs bretons sont mobilisés dans les Côte d'Armor à l'appel du syndicat agricole majoritaire, la FNSEA. Ils dénoncent notamment le non-versement des aides de l'État promises par le gouvernement.

"Taper à la porte des gros groupes"

"Si l'État veut vraiment venir en aide aux agriculteurs, est-ce qu'ils faudraient pas qu'ils aillent taper à la porte des gros groupes et de leur dire: 'Maintenant vous aussi vous allez nous aider et vous allez arrêter de saigner les agriculteurs français?", a aussi interrogé l'éleveur.

Il a accuse notamment "les pétroliers" d'avoir récemment augmenté leurs marges sur le gazole non routier (GNR), carburant des machines agricoles dont la baisse du prix était une des principales revendications du récent mouvement.

"On demande pas des moyens financiers nous, on demande de pouvoir vivre dignement de notre métier, que tout le monde arrête de se faire de l'argent sur le dos des agriculteurs, que les agriculteurs arrêtent d'être taxés à 50 ou 60%... Ça, ça nous aiderait!", a encore revendiqué Jérôme Bayle.

L'acteur du mouvement a toutefois défendu la nécessité de "lire entre les lignes de tous ces textes" pour "voir ce qu'ils nous disent", expliquant que les rendez-vous entre représentants syndicaux et ministères se poursuivent.

"On est conscients qu'on sauvera pas l'agriculture française en une semaine, 15 jours, deux mois, trois mois!"

Mais pour l'exploitant, les propositions gouvernementales ne permettent pas à la profession de "dessiner un avenir serein", malgré les propositions formulées au cours des derniers mois.

Le projet de loi pourra-t-il apaiser la colère agricole?

Avec le projet de loi présenté ce mercredi, le gouvernement cherche à répondre au mouvement de contestation de janvier et février. Le texte prévoit notamment une soixantaine d'engagements sur des fonds d'urgence, des simplifications, une "pause" dans l'élaboration du plan de réduction de l'usage des pesticides, selon un inventaire réalisé par l'AFP.

"Le compte va y être quand la loi d'orientation agricole sera votée (...) Quand les décrets finiront de se déployer", a promis le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau lors du congrès de la FNSEA.

Il s'agit de montrer "la volonté de l'État d'accompagner, d'expliquer, de faire réparer si besoin" plutôt que d'être "dans une logique punitive et inefficace au final". Cela passera notamment par un assouplissement des restrictions et peines quant aux activités parfois dangereuses pour l'environnement. "Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura plus de peines pour des destructions ou pour des atteintes à l'environnement qui sont graves" a toutefois défendu Marc Fesneau.

Le projet de loi veut également proposer une vision de plus long terme, en se focalisant à la fois sur la question du renouvelement du nombre d'exploitants agricoles (plus du tiers des agriculteurs en activité aujourd’hui seront à la retraite dans la décennie) ainsi que celle du changement climatique.

Glenn Gillet