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Spatial: qui est cette start-up franco-allemande prête à concurrencer SpaceX?

The Exploration Company a signé un contrat de pré-réservation pour une mission de transport de fret sur la future station spatiale commerciale d'Axiom Space pour 2027.

The Exploration Company entre dans la cour des grands. Après deux ans d'existence à peine, la start-up franco-allemande peut se targuer d'avoir décroché un contrat d'envergure. Le fabricant de véhicules spatiaux a en effet été choisi par Axiom, le constructeur de la première station spatiale commerciale, pour réaliser une mission de transport de fret en 2027.

Pour envoyer des marchandises sur la station Axiom, la start-up exploitera "Nyx", le vaisseau spatial qu'elle développe actuellement.

100 employés et 70 millions d'euros de levés

"En vertu de cet accord, le véhicule spatial orbital modulaire et réutilisable "Nyx" de The Exploration Company devra acheminer un cargo jusqu’à la station Axiom au plus tard en 2027", précise le communiqué de la jeune pousse.

Acteur émergent de "New Space", l'entreprise basée à Mérignac et à Munich avait déjà accompli un parcours sans faute. Deux ans après sa création, elle emploie 100 employés et a levé 70 millions d'euros. "Nous sommes la start-up spatiale qui croît le plus vite", affirmait sa fondatrice et présidente Hélène Huby sur BFM business, le 12 septembre.

Une solution plus soutenable que SpaceX

Pour sa dirigeante, The Exploration Company a su sortir son épingle du jeu pour deux raisons principales.

"D’abord, on est plus soutenable que SpaceX en termes environnementaux", affirme Hélène Huby, avant de détailler: "On est le premier au monde à utiliser de la propulsion verte beaucoup moins toxique que l'hydrazine utilisée par l’ensemble des acteurs du spatial".

Autre avantage compétitif de la start-up, selon sa dirigeante, la compatibilité de Nyx avec une grande diversité de lanceurs. "On est lanceur agnostique, c'est-à-dire que l'on peut tirer avec Ariane, avec les lanceurs américains, indiens, etc", détaille-t-elle. Des atouts qui ont peut-être fait la différence avec le redoutable concurrent SpaceX... associés probablement à des tarifs un peu plus attractifs pour Axiom.

Un essai à transformer

Pour transformer l'essai, l'entreprise devra toutefois franchir un premier "check point" à l'horizon 2025. "On va devoir montrer qu’on sait livrer", précise sa dirigeante. Pour entériner la commande, l'entreprise devra en effet remplir "certains critères techniques" à cette échéance.

C'est cette même année que le module de l'entreprise texane Axiom Space viendra se greffer sur la station spatiale internationale (ISS), pour prendre à terme le relais de cette dernière, vouée à être désorbitée et désagrégée en 2031.

Une portée européenne

Reste qu'au-delà de la réussite de The Exploration Company, ce contrat a un retentissement dans toute l'Europe. Il pourrait signer un regain des ambitions européennes sur le très prisé écosystème du "New Space". C'est d'ailleurs le message porté par sa fondatrice. "On prouve que l’Europe sait être compétitive sur ces nouveaux marchés mondiaux", se réjouit-elle.

Mais elle l'affirme, il faut aller plus loin. Les perspectives de croissance sur le marché spatial sont immenses avec son ouverture aux entreprises privées. Les projets de stations spatiales que les doigts d'une seule main ne suffisent plus à compter et les innovations technologiques laissent entrevoir de nombreuses applications. Transports de marchandises, tourisme, agriculture... le marché spatial qui pèse aujourd'hui 400 milliards de dollars pourrait plus doubler d'ici 2024 à près de 1000 milliards de dollars, selon des projections de Morgan Stanley.

"Il faut que les chefs d'Etats se réveillent"

Et le sous-marché de cargo et de logistique vers les stations spatiales affiche à lui seul un potentiel énorme. "On parle d'un marché de 3-4 milliards par an aujourd'hui qui va être de 30 à 100 milliards d'euros selon les estimations dans une quinzaine d'années", rappelle Hélène Huby. Et pour se positionner sur ce marché, les Européens doivent investir dans le développement des véhicules dès aujourd'hui.

"Il faut que les chefs d'Etats et de gouvernements se réveillent", lance-t-elle, déplorant que son premier "gros client" ne vienne pas de ce côté de l'Atlantique.

Prochaine étape clé: la réunion de novembre prochain en Espagne pendant laquelle les chefs d'Etat et de gouvernement européens devront décider de la stratégie spatiale d'exploration du continent. Des plans auxquels The Exploration Company entend bien être associée.

Nina Le Clerre