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Aéronautique

Accident du 737 Max: les patrons d'Emirates et Ryanair tirent à boulet rouge sur Boeing

Les langues se délient dans les compagnies aériennes qui utilisent les 737 Max de Boeing. Les dirigeants d'Emirates et de Ryanair pointent des problèmes dans le contrôle qualité de l'avionneur américain.

Les grandes compagnies aériennes n'épargnent pas Boeing depuis l'affaire du 737 Max 9 d'Alaska Airlines dont la "porte bouchon" s'est arrachée en vol. Dans un entretien à Bloomberg, Tim Clarks, président d'Emirates, affirme que Boeing aurait "des problèmes de contrôle qualité depuis longtemps maintenant".

Le patron de la compagnie aérienne émiratie semble faire allusion aux précédents problèmes techniques des appareils de Boeing. Avec le 737 Max 8, deux accidents ont causé la mort de 346 personnes. Le premier a eu lieu en octobre 2018 avec un appareil mis en service moins de trois ans auparavant par la compagnie indonésienne Lion Ai. Le second crash mortel s'est déroulé en mars 2019 avec un appareil d'Ethiopian Airlines.

Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Boeing 737 Max, l'avion maudit - 09/01
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Emirates n'exploite pas le 737, mais dispose de 130 modèles 777 avec des centaines d'autres en commande. Mais ce modèle affiche des difficultés avec les moteurs. En 2021, l'un de ces appareils a perdu des débris lors d'un vol au-dessus du Colorado après une panne moteur. Après cet incident, 69 avions équipés de ce moteur ont dû être immobilisés.

Pressions de la chaîne d’approvisionnement

Dans le Financial Times, Michael O'Leary, patron de Ryanair, n'est pas moins sévère avec l'avionneur américain. Sa compagnie exploite plusieurs versions du 737 Max, mais il estime que les problèmes qualité touchent non seulement Boeing, mais aussi Airbus.

"Le véritable défi pour Airbus et Boeing est qu’ils sont tous deux en retard dans leurs projets d’augmentation de la production mensuelle. Cela tient en grande partie aux pressions de la chaîne d’approvisionnement. Ils doivent améliorer considérablement le contrôle qualité", estime le président de Ryanair.

Michael O'Leary anticipe même des conséquences sur les tarifs des billets pour les déplacements en Europe. "La capacité est fortement mise à rude épreuve. Les tarifs aériens, en particulier en haute saison estivale, seront plus élevés parce qu'il y aura moins de capacité sur les courtes distances en Europe", a déclaré le dirigeant au Financial Times.

Un sous-traitant pointé du doigt

Depuis l'incident de l'Alaska Airlines, l'enquête se poursuit mardi sur les 747 Max 9. L'agence américaine de l'aviation civile (FAA) a demandé des inspections sur 171 Boeing 737 Max 9, cloués au sol dans l'attente de ce passage en revue.

United Airlines, qui exploite la principale flotte de 737 Max 9 au monde avec 79 appareils, a découvert des "boulons qui nécessitaient d'être resserrés" lors de vérifications sur les portes condamnées de ses 737 Max 9, les mêmes que celle arrachée vendredi lors d'un vol Alaska Airlines aux États-Unis.

Alaska Airlines a également annoncé avoir détecté des "équipements mal fixés" sur certains de ses appareils de ce type après des inspections préliminaires.

Les regards se portent désormais sur Spirit Aerosystems, un sous-traitant de Boeing qui produit l'élément en cause. Cette entreprise est l'un de plus grands fabricants mondiaux de structures d'avion: fuselages, ailes, nacelles… C'est un fournisseur crucial pour Boeing puisqu'il produit aussi des éléments essentiels des Boeing 737 et 787.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco