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Accor: le PDG Sébastien Bazin mise sur la demande chinoise pour 2023

Invité de Good Morning Business ce jeudi, le patron du géant français de l'hôtellerie s'est réjoui du fort rebond de l'activité d'Accor en 2022. Il compte sur le retour en masse des touristes chinois pour retrouver le niveau d'activité pré-pandémique au plus vite.

Le géant français de l'hôtellerie Accor a dégagé un bénéfice net multiplié par près de cinq à 402 millions d'euros en 2022, la "reprise très dynamique du tourisme" assortie d'une hausse des prix ayant permis un fort rebond de l'activité, après deux années difficiles dues à la crise sanitaire.

"2023 sera meilleure que 2022, promet Sébastien Bazin, PDG du groupe Accor sur le plateau de BFM Business ce matin. Le marché est revenu, les clients sont revenus. Ils nous restent plus que les Chinois mais ils vont revenir. On est encore 10% en deçà de 2019 et donc il faut qu’on aille au-delà."

Le sixième groupe hôtelier mondial, qui possède des enseignes comme Ibis, Sofitel, Novotel, Mercure ou Pullman, a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 4,22 milliards d'euros en hausse de 92% sur un an, et de 4% à périmètre et changes constants comparé à 2019, précise un communiqué publié jeudi. En 2021, Accor avait dégagé 85 millions d'euros de bénéfice net.

Le retour à la normale se jouera en Chine

Par pôle d'activités, HôtelServices, qui regroupe la majorité des activités d'Accor, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,19 milliards d'euros, en hausse de 102% sur un an. Le pôle Actifs hôteliers a lui vu son chiffre d'affaires bondir de 71% à 1,08 milliard d'euros l'an dernier. "2022 a été l'année d'une reprise très dynamique du tourisme et nos performances, en forte croissance dans toutes les régions, témoignent de ce rebond", se félicite le PDG Sébastien Bazin, cité dans le communiqué. Le groupe peut désormais "regarder l'avenir avec sérénité", dit-il.

Si "la performance des hôtels au second semestre dépasse le niveau d'avant-crise dans la quasi-totalité des régions", en revanche "l'Asie, impactée par la stricte politique "zéro Covid" de la Chine jusqu'à la fin de l'année, était encore en retrait notable par rapport au niveau d'activité de 2019", souligne le groupe.

Partout, cette reprise est "avant tout portée" par une clientèle domestique au niveau "supérieur à celui de l'année 2019", tandis que les voyageurs internationaux "n'ont pas retrouvé le niveau de 2019 mais voient leur nombre croître à nouveau rapidement". Ce redémarrage de l'activité va de pair avec une "forte hausse des prix, tirée par la demande et accentuée par l'inflation", note le groupe.

"150 millions de touristes chinois n’ont pas voyagé depuis 2019 et 70% d’entre eux restent en Asie du Sud-Est, explique Sébastien Bazin. On risque d’en récupérer 75 millions."

Un déficit de personnel à combler en vue du rebond des taux d'occupation

En septembre, le groupe avait relevé ses prévisions au terme d'une forte activité estivale, annonçant tabler sur "610 à 640 millions d'euros" d'excédent brut d'exploitation (EBE) en 2022, contre "plus de 550 millions d'euros" auparavant. Celui-ci ressort finalement encore meilleur, à 675 millions d'euros, grâce à une "très bonne activité" en décembre.

"Il nous manque toujours à peu près 40.000 personnes, indique le PDG au sujet du recrutement. Comme on n’a pas retrouvé nos taux d’occupation qui sont 6 point inférieurs à 2019, on a des prix qui sont supérieurs. Mais ce n'est pas qu'une question de salaire, la principale raison est que les gens ont trouvé un autre métier dans lequel ils peuvent travailler depuis chez soi."

L'an dernier le RevPAR (revenu par chambre, indicateur phare de l'industrie) du groupe a augmenté de 2% comparé à 2019 et Accor table sur une croissance de "5% à 9%" à périmètre et change constants en 2023. Présent dans 110 pays avec 5.445 hôtels (dont 299 ouverts l'an dernier), environ 10.000 restaurants et bars et plus de 40 marques, Accor compte quelque 230.000 collaborateurs.

Timothée Talbi avec AFP