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Entre les assureurs, les restaurateurs et le gouvernement, le torchon brûle

Un restaurant fermé (photo d'illustration)

Un restaurant fermé (photo d'illustration) - THOMAS COEX / AFP

Le gouvernement menace les assureurs d'un prélèvement obligatoire de 1,2 milliard d'euros si aucun effort n'est fourni pour aider les restaurateurs. Mais selon le PDG d'Axa, "quand tout le monde est blessé, ça ne fonctionne pas".

Le torchon brûle entre le secteur de l'hôtellerie-restauration et les assurances. D'un côté, les restaurateurs dont les établissements sont fermés administrativement jusqu'au 20 janvier minimum et de l'autre, leurs assureurs, accusés de ne pas faire suffisamment.

Le conflit est tel que le gouvernement est intervenu, menaçant les assureurs d'un prélèvement obligatoire de 1,2 milliard d'euros, prévu par le projet de loi de finances, déjà voté par le Sénat. Le texte revient en seconde lecture à l'Assemblée nationale.

Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, invité sur le plateau de BFMTV ce vendredi, a de nouveau prévenu: "si les assureurs ne trouvent pas eux-mêmes la porte de sortie, nous n'aurons pas d'autre choix que de maintenir ce prélèvement obligatoire de 1,2 milliard d'euros". Le ministre leur demande de "faire un effort pour ce secteur si durement touché". "Dans ce cas, tout le monde sortira grandi", assure Bruno Le Maire.

"Nous ne sommes pas responsables de la fermeture administrative des restaurants"

Un ultimatum forcément mal perçu par Jacques de Peretti, PDG d'Axa France. "Nous vivons une situation unique en Europe. En France, on a cette idée qu'une taxe pourrait résoudre le problème, alors que ça ne sert sûrement pas la relance", a-t-il réagi sur BFMTV.

Concrètement, le gouvernement demande aux assureurs de geler les primes d'assurance pour les cafés les hôtels et les restaurants.

"Les assureurs ne sont pas responsables de la fermeture administrative des restaurants. Nous n'y sommes pour rien. Mais nous pouvons utiliser la mutualité. C'est-à-dire, prendre les primes des vaillants pour régler les difficultés des blessés. Mais quand tout le monde est blessé, ça ne fonctionne pas. Si nous allons au-delà des gestes de solidarité, c'est avec la prime des autres assurés que nous financerons cela", conclut Jacques de Peretti.

"On lui demande simplement d'assurer ce pour quoi on est allé le voir"

"C'est inaudible ce qu'il dit", a réagi quelques minutes plus tard Jean-François Piège, chef étoilé et propriétaire de cinq établissements à Paris. Le chef d'entreprise s'est fait le porte-voix du secteur, à l'instar de son collègue de l'émission Top Chef, Philippe Etchebest.

"On ne nous a pas donné le choix concernant la fermeture, et cela peut se comprendre au vu de l'épidémie, on l'a accepté. En revanche, la situation qui concerne les indemnisations n'est pas claire et elle n'est pas au rendez-vous, au niveau de l'Etat et des assureurs. En l'occurence pour moi, Axa", réplique Jean-François Piège sur BFMTV.

Le chef affirme que son contrat d'assurance protège ses restaurants "contre les pertes d'exploitation, y compris liées à l'épidémie". Dès le premier confinement, Axa lui aurait opposé qu'il n'était pas assuré. L'incompréhension est totale. "Lui, [Jacques de Peretti, le PDG d'Axa] il va bien dormir ce soir. Mais pas nous, et ça fait de longues nuits que c'est le cas". Il ajoute "on lui demande simplement d'assurer ce pour quoi on est allé le voir."

Inquiétudes autour de l'arrêt du Fonds de solidarité

Ce vendredi, Bruno Le Maire a également annoncé la fin du Fonds de solidarité après le 31 décembre.

"J'espère que c'est une erreur parce que je crois que la fermeture administrative qui est la notre est jusqu'au 20 janvier. Cela signifirait ajouter à notre addition les vingt jours de janvier? Là, ça va devenir un vrai problème", a réagi Jean-François Piège.

Le ministre n'a pas précisé si les secteurs les plus fragilisés comme l'hôtellerie, les cafés et la restauration cesseraient de percevoir des aides. Pour rappel, le Fonds de solidarité profite à toutes les entreprises ayant perdu 50% de leur chiffre d'affaires. Il a été porté jusqu'à 10.000 euros ou 20% de perte du chiffre d'affaires pour les secteurs les plus affectés.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech