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En République dominicaine, des zones "Covid" dans les hôtels pour ne pas freiner le tourisme

Vue aérienne de la plage de Punta Cana, en République Dominicaine, le 7 janvier 2022

Vue aérienne de la plage de Punta Cana, en République Dominicaine, le 7 janvier 2022 - Erika SANTELICES © 2019 AFP

Le pays, un des rares à avoir gardé ses frontières ouvertes depuis le début de la pandémie, s'organise désormais pour faire face à la hausse des cas positifs, avec des zones isolées pour les touristes dans les grands complexes hôteliers.

Zones isolées gardées par des agents de sécurité: les hôtels de République dominicaine ont transformé une partie de leurs installations pour leurs clients positifs au Covid-19, et protéger une industrie touristique vitale pour l'économie et convalescente après le choc de la pandémie.

5 millions de touristes en 2021, le double de 2020

Le pays, avec ses plages paradisiaques et ses complexes hôteliers, destination de millions de personnes et de bateaux de croisière du monde entier, est l'un des rares pays à avoir gardé ses frontières ouvertes depuis le début de la pandémie.

Près de 5 millions de touristes ont visité la République dominicaine en 2021, deux fois plus qu'en 2020.

La destination a ainsi retrouvé plus des trois-quart (77%) des visiteurs de 2019 (6,4 millions de visiteurs) et accueilli 728.000 touristes en décembre, un chiffre qualifié d'historique par les autorités.

Une politique que le pays entend poursuivre malgré l'apparition du variant Omicron et un nombre de cas qui a explosé. Vendredi, le pays a recensé 5968 positifs, un record, alors qu'il y a un mois, le nombre de cas par jour avoisinait 300. Au total, le pays de 11 millions d'habitants a enregistré 444.985 cas depuis le début de la pandémie. Les autorités soulignent que le nombre de décès reste faible.

Dans la province de La Altagracia, qui comprend la célèbre station balnéaire de Punta Cana, le nombre de cas explose.

"Mon fils de cinq ans était positif, nous avons prévenu l'hôtel et ils nous ont transférés dans une zone pour le confinement", confie sous couvert de l'anonymat à l'AFP un touriste chilien d'une quarantaine d'années séjournant dans un hôtel cinq étoiles.

Au début, un seul bâtiment était réservé aux cas positifs mais au fil des jours, un autre bloc a été ouvert, selon lui. "Les chambres sont gardées par des gardiens. Nous pensons qu'ils avaient beaucoup de gens" atteints par le virus, estime-t-il.

Les autorités et les hôtels refusent de communiquer sur le sujet sans doute par peur d'impacter négativement le secteur. Et il est impossible de savoir combien de touristes sont confinés dans ces zones. Seule confidence d'un grande chaîne hôtelière, les prix facturés sont "dérisoires".

Un Etat trop "complaisant"?

Le président dominicain Luis Abinader ne semble pas vouloir changer son fusil d'épaule. "Revenir en arrière est impossible. Nous prenons toutes les mesures pour nous assurer que nous pouvons avoir un pays avec une santé sûre", a-t-il déclaré la semaine dernière, soulignant qu'il entendait pouvoir en même temps préserver l'économie.

"Nous avons réussi à nous redresser et à prendre soin du tourisme, de l'économie, de l'emploi, des devises et de l'espoir, atteignant un nombre record de touristes et plus de 250.000 emplois dans le secteur du tourisme", s'est-il félicité lors d'une conférence de presse.

Pourtant, des critiques apparaissent. Le président du Collège dominicain des médecins, Senen Caba, a reproché à l'État d'être "permissif" et "très complaisant".

Le Sénat a approuvé mercredi une résolution demandant au ministère de la Santé d'exiger des tests PCR et des preuves de vaccination de toutes les personnes visitant le pays.

"Nous ne pouvons pas recevoir tous ceux qui le souhaitent sans aucun type de protocole", a lancé le sénateur Yvan Lorenzo dans l'hémicycle.

Joel Santos, homme d'affaires, hôtelier et conseiller touristique, assure au contraire que ce sont les mesures prises par le gouvernement qui ont permis la croissance annoncée.

Par exemple, un bateau de croisière a accosté cette semaine à Puerto Plata, au nord du pays, avec 146 infectés, pour la plupart des membres d'équipage. Les autorités ont assuré qu'aucun malade ne descendrait du navire, selon la presse locale.

Pour Joel Santos, "le tourisme, c'est la confiance transmise (...) aux pays qui envoient des touristes qui ont constaté que la République dominicaine prenait son processus au sérieux".

J.B. avec AFP