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Starbucks veut apprendre à ses salariés à ne pas être racistes

L'initiative avait été annoncée le 17 avril par les dirigeants de Starbucks

L'initiative avait été annoncée le 17 avril par les dirigeants de Starbucks - Saul Loeb / AFP

L'entreprise va exceptionnellement fermer l'ensemble de ses cafés aux États-Unis mardi pour tenir une journée de formation contre le racisme à ses 175.000 salariés. Cette initiative fait suite à un incident qui a eu lieu en avril à Philadelphie.

Peut-on former ses employés à ne pas être raciste? La chaîne de cafés Starbucks se lance mardi dans cet exercice délicat, avec une session de formation sans précédent qui entraînera la fermeture exceptionnelle de tous les cafés directement gérés par la chaîne aux Etats-Unis, soit quelque 8000 établissements.

Cette initiative inédite, qui devrait mobiliser quatre heures durant quelque 175.000 employés, avait été annoncée le 17 avril par les dirigeants de Starbucks, après l'indignation suscitée par l'arrestation de deux jeunes noirs dans un de ses cafés de Philadelphie.

Une arrestation au seul motif que les deux hommes demandaient à attendre l'arrivée d'une connaissance pour consommer, capturée sur un smartphone et largement diffusée sur les réseaux sociaux. Des manifestations avaient suivi, avec la menace d'un boycott pour cette chaîne synonyme de bon café aux États-Unis.

L'incident a illustré de façon frappante les discriminations que subissent toujours les Noirs, dans un contexte de tensions raciales exacerbées depuis l'élection de Donald Trump.

"Un premier pas"

Plusieurs responsables noirs ont salué l'initiative de Starbucks, même s'ils soulignent aussi que le résultat est loin d'être garanti. "C'est historique, je ne connais pas d'autre société aussi omniprésente que Starbucks qui ait montré sa volonté de prendre le racisme par les cornes", a déclaré lors d'un point presse téléphonique Sherrilyn Ifill, présidente du Legal Defense and Education Fund, émanation de la puissante organisation de défense de la cause des Noirs NAACP.

"Ce faisant, ils ouvrent la voie aux entreprises qui vendent au grand public pour qu'elles s'attaquent honnêtement et franchement aux inégalités raciales", a ajouté Sherrilyn Ifill, sollicitée par la direction de Starbucks pour aider à préparer cette formation.

Une aide conditionnelle néanmoins. "Nous avons dit clairement que nous n'allions pas valider aveuglément leur programme si nous ne pensions pas qu'il puisse tenir ses promesses", a déclaré Heather McGhee, présidente de l'association Demos qui lutte contre les discriminations, également consultée par Starbucks. "Nous ferons un rapport au début de l'été avec une liste plus complète de choses à faire pour vraiment montrer l'exemple sur cette question".

Starbucks semble avoir entendu leurs réserves. "Le 29 mai n'est pas une solution, mais c'est un premier pas", a souligné la direction sur son site internet. "La première session se concentrera sur la compréhension de ce qu'est le biais racial et l'histoire des lieux publics aux Etats-Unis. Les prochaines formations porteront sur toutes les sortes de discriminations et d'expériences". 

Visionnage d'un film et des débats

En quoi concrètement va consister la formation mardi? Starbucks a refusé que les médias assistent à l'exercice, mais a diffusé un petit film de présentation.

On y apprend que les employés devraient visionner un film original du documentariste Stanley Nelson sur l'histoire des Noirs américains, et discuteront ensuite en petits groupes de leurs expériences de discriminations raciales. Le tout encouragé par de petits discours des charismatiques dirigeants de l'entreprise née en 1971, Howard Schultz et Kevin Johnson.

Aussi incertain que soit le résultat, Sharon Rush, spécialiste des relations inter-raciales à l'Université de Floride, espère que Starbucks poussera d'autres entreprises à multiplier les formations sur les discriminations raciales, comme elles ont multiplié les formations sur le harcèlement sexuel. "Si d'autres entreprises disent 'Nous aussi, il faut qu'on fasse ça'", dit-elle, "ce sera vraiment un résultat positif". 

J.-C.C. avec AFP