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Quelle marge de manœuvre pour augmenter encore le télétravail dans les entreprises?

Le télétravail sera désormais obligatoire au moins trois jours par semaine dans les entreprises qui le peuvent à partir de la rentrée. Mi décembre, seuls 60% des salariés qui peuvent télétravailler travaillaient effectivement à domicile une partie de la semaine.

Face à la recrudescence de l'épidémie et à l'arrivée du variant omicron, le gouvernement durcit le ton sur le télétravail: plus question de laisser la main aux entreprises. Il sera désormais obligatoire au moins trois jours par semaine, et quatre si possible, a déclaré lundi soir Jean Castex. Le "télétravail obligatoire" est au menu d'une réunion ce mardi entre la ministre du travail, Elisabeth Borne, et les partenaires sociaux. Objectif: la mise en ligne jeudi d'un nouveau protocole sanitaire pour les entreprises.

Or, même si le nombre d’accords d’entreprises a bondi de 37% depuis l’an dernier, la moitié de ces accords ne prévoit que deux jours de télétravail maximum par semaine, selon des données de l'Agence nationale de l'amélioration des conditions de travail (Anact), rattachée au ministère du Travail.

Et les entreprises ont encore des marges de manœuvre: selon un sondage réalisé par Harris Interactive à la mi-décembre, juste après la consigne passée par le gouvernement, 40% des salariés qui pouvaient télétravailler ne l’avaient toujours pas fait.

En attendant une loi

Les détails du nouveau protocole en entreprises n'ont pas encore été publiés, c'est sur ce protocole que se baseront les entreprises. Mais le ton du gouvernement s'est clairement durci cette semaine. "Les règles du jeu changent", a constaté Christophe Sciberras, ancien DRH et dirigeant du cabinet Newbridges, sur BFM Business.

"La règle du jeu du télétravail, […] c'est que c'est volontaire, il faut l'accord du salarié et de l'entreprise. Là, on nous dit 'maintenant vous n'avez pas le choix', l'employeur et le salarié", poursuit l'ancien DRH pour qui, en attendant que les parlementaires légifèrent, "l'effet" de la "parole du gouvernement" devrait suffire à pousser la plupart des entreprises vers le télétravail.

Les entreprises vont "bien entendu" jouer le jeu", a assuré ce mardi matin Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME Île-de-France, sur BFMTV, rappelant que "nous sommes déjà dans beaucoup d'activités de service à deux jours de télétravail, parfois à trois".

"Il y a aujourd'hui une bonne volonté de la part des entreprises", a poursuivi le représentant des TPE et PME franciliennes, "mais le télétravail ne suffira pas à éloigner le virus dans l'entreprise, il faut aussi penser au lissage des horaires dans les transports [et] au respect des gestes barrières".

Sans compter les nombreuses professions qui ne peuvent pas télétravailler.

Un "pari" du gouvernement

Pour contrer la hausse des contaminations, pour le moment tout repose en effet sur le télétravail du côté des entreprises, puisque les éventuelles modifications sur la durée d'isolement des cas contacts ne sont attendues qu'à la fin de la semaine.

"Le gouvernement fait l'hypothèse que la dynamique de contamination que l'on observe ne sera que temporaire et […] qu'ensuite la question sera réglée par le pass vaccinal" qui permettra "de gérer cette situation", a avancé Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management, sur BFM Business.

"C'est une situation qui reste malgré tout un pari de la part du gouvernement", assure-t-il.

Caroline Morisseau et Jérémy Bruno