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Quand on a réussi l'exploit ultime, comment gérer la suite

Après un titre de champion du Monde, la pression est plus forte.

Après un titre de champion du Monde, la pression est plus forte. - Lucas Barioulet - AFP

C'est l'euphorie pour l'Équipe de France qui a remporté le titre de champion du monde de football. Mais comment gérer ce nouveau statut. Ce challenge ne concerne pas uniquement les sportifs de haut niveau: il vaut aussi dans la vie professionnelle.

Au terme de quatre semaines et demi de compétition et de quatorze buts inscrits en sept matchs, les 23 joueurs de l’équipe de France ont gagné la Coupe du Monde. Après s'être investis pour réaliser cet exploit sportif, les joueurs de Didier Deschamps vont devoir orienter leur effort vers la gestion de ce nouveau succès. "Une victoire c'est rarement le moment terminal d'une carrière, il faut retourner sur le terrain après", met en avant Hubert Ripoll, psychologue du sport, coach sportif et en entreprise et auteur de "Le mental des champions" (Ed Payot). La pression est plus forte aussi car "après un titre, on ne vous voit plus de la même façon, on attend de vous beaucoup plus", ajoute-t-il.

Définir de nouveaux objectifs

Les Bleus, comme tout sportif de haut niveau, ont été préparés à gérer les succès et les défaites. Mais le cap peut être difficile à passer. "Il faut se donner le temps de célébrer sa victoire, mais il ne faut pas rester à ce stade, on est le meilleur mais à cet instant, il faut donc avoir des objectifs pour demain. Il faut travailler à être encore meilleur dans l'avenir", souligne Hubert Ripoll.

Ces questionnements ne sont pas réservés au monde sportif. Au sein d'une entreprise, un salarié performant ou un brillant entrepreneur peuvent aussi être confrontés à ces problématiques. Mis sur le devant de la scène suite à de belles réussites, l'un comme l'autre peuvent se demander comment maintenir durablement sa motivation et trouver le moteur de sa performance. Or contrairement aux sportifs, ils n'ont pas à leur côtés un coach pour incarner la voie de la raison, et les guider dans la quête de nouvelles limites à repousser.

Aller au maximum de son potentiel

"Il faut avoir à l'esprit qu'il y a deux versants dans la victoire. Le premier est symbolique, il s'agit de déterminer quelle satisfaction on en retire, par rapport à son ego mais aussi du point de vue matériel. L'autre est rationnel, et consiste à se demander si l'on a atteint ses objectifs, s'il y a des voies d'amélioration", analyse Hubert Ripoll. Or pour les sportifs, comme pour les autres, le piège est de voir l'aspect symbolique l'emporter sur le rationnel. C'est la situation dans laquelle se trouve de nombreux médaillés olympiques, pour qui leur unique victoire a été un chant du cygne.

Un retour sur soi est donc essentiel pour déterminer quels sont les leviers de sa performance, ce qui va pousser une personne à vouloir continuer à progresser pour devenir la meilleure. "Cette quête de l'excellence passe par une acceptation de soi. Il faut vouloir aller au maximum de ce que son potentiel permet de faire", fait valoir le psychologue du sport.

Le monde de l'entreprise impose une difficulté supplémentaire, puisque ces objectifs devront se caler sur les axes de développement choisis par l'entreprise (devenir leader du secteur, procéder à une croissance externe…). "Il faut aussi prendre en compte les collègues, les managers, les RH, la direction, autant de contraintes qui pèsent sur l'individu", ajoute Hubert Ripoll.

Coralie Cathelinais