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Vie de bureau

Les 5 leçons de management de Didier Deschamps, champion du monde des coachs

Manager comme Deschamps en entreprise c'est possible? S'il peut être une source d'inspiration pour un manager, tout n'est pas directement transposable dans l'entreprise.

Peut-on appliquer les recettes du foot à l'entreprise? Didier Deschamps ferait-il un bon manager? Si la Coupe du monde de football et le quotidien de la vie de bureau semble appartenir à deux univers bien différents, le rôle de manager est, dans le fond, le même. Il s'agit de gérer des humains afin d'en tirer le meilleur parti pour atteindre un objectif collectif. 

Et en la matière l'exemple de Didier Deschamps peut inspirer un manager en entreprise. Evidemment tout n'est pas transposable tel quel dans le quotidien de la vie de bureau. Mais certaines idées peuvent néanmoins être empruntées et adaptées au cadre de l'entreprise.

Voici 5 leçons de management qu'on peut tirer de la façon dont le meilleur coach du monde a mené son équipe à la victoire.

1. Surmonter les échecs par le travail

Le joueur Didier Deschamps n'était pas le plus brillant de sa génération. Mais énorme bosseur, il a su se rendre indispensable dans toutes les équipes où il a officié que ce soit à l'OM, à la Juventus de Turin et bien sûr en équipe de France où il a remporté les titres de champions du monde et d'Europe en 1998 et 2000. Et si le joueur meneur d'homme s'est naturellement reconverti en entraîneur à la fin de sa carrière, les débuts ont été très difficiles. Lors de sa première année d'entraîneur, son club Monaco termine quatorzième à trois points de la relégation. Il se brouille avec son attaquant vedette et son président l'annonce même partant, c'est-à-dire qu'il le menace de le virer. Mais Deschamps serre les dents, se remet au travail, écarte les joueurs réfractaires et compose avec les deux adjoints qu'on lui a forcé à prendre.

"Le leadership se construit, il n'est pas inné, résume Laurent Philibert, directeur pédagogique de Personnalité, une agence de conseil en communication des dirigeants dans Les Echos. On peut reconnaître un manager comme un leader car il a traversé des épreuves, des projets. [...] Il imprime, il y a une incidence Deschamps sur les événements."

2. Ne pas tout remettre en cause dans la défaite

"C'est dans les plus grandes victoires qu'on fait les plus grandes bêtises, assure Didier Deschamps dans un entretien à BeinSports. Le succès est euphorisant et fait perdre la réalité des chose." Si le refrain de la défaite plus formatrice que la victoire est connu, Didier Deschamps estime en revanche que tout ne doit pas être jeté après la défaite. "On a tendance à remettre tout en cause dans la défaite, il faut savoir pourquoi c'est arrivé et surtout savoir s'adapter", explique-t-il. L'entraîneur et le sélectionneur a connu des échecs en tant que sélectionneur avant le grand succès de ce dimanche. En 2014 avec une élimination frustrante en Coupe du monde contre l'Allemagne et surtout en 2016 en finale de son Euro en finale contre le Portugal. Mais à chaque fois, le sélectionneur n'a pas tout remis en question et s'est appuyé sur ce qui a fonctionné (en l'occurrence l'épine dorsale de son équipe, ses joueurs de l'axe) et, petit-à-petit, il reconstruit son équipe en y adjoignant de nouveaux talents.

3. Manager de façon paternaliste, sans cri mais fermement

Pas de cris, peu d'engueulade franche, beaucoup de contacts physiques avec ses joueurs. Un management par l'affect. C'est la méthode Deschamps qui n'hésite pas à en appeler certains par leur surnom pour créer cette proximité. C'est ce qu'on a pu constater dans le documentaire ""Les Bleus 2018: au cœur de l'épopée russe" sur TF1 sur les coulisses française de la Coupe du monde 2018. Même lorsqu'il recadre des joueurs comme Kylian MBappé après le match France-Australie, il a toujours un mot positif: "Je veux des joueurs qui fassent des courses à haute intensité et c'est toi Kylian qui en fait le moins: 3%. Pourtant, la vitesse c'est ta qualité..."

Un reproche mais on termine sur un compliment qui remotive. "Je peux monter le ton mais je le fais de moins en moins, il n'y a pas besoin, assure le sélectionneur français sur Bein Sports. J'appuie sur certains mots et je peux répéter certains aussi." Résultat: après sa réprimande, MBappé a multiplié les courses jusqu'à la fin de la compétition dont un sprint, dans le match contre l'Argentine, mesuré à plus de 32 km/h qui a fait le tour du monde. 

4. Responsabiliser les jeunes éléments prometteurs

Peu importe l'âge pourvu qu'il y ait le talent. En arrivant en Russie, Didier Deschamps était à la tête de la cinquième équipe la plus jeune du tournoi (26 ans de moyenne d'âge pour les 23 bleus) et surtout de la plus jeune équipe de France dans un tournoi depuis vingt ans. Beaucoup de jeunes talents qui ne sont pas cantonnés au rôle de remplaçant. En témoigne les titularisations dès le début de la compétition du latéral Benjamin Pavard (22 ans) et de l'ailier Kylian MBappé (19 ans). Des joueurs qui n'ont pas craqué sous la pression et qui ont été des éléments clés de la victoire finale. Le premier en marquant le plus beau but du tournoi et le second en étant élu meilleur jeune joueur de la compétition. Difficile dans l'entreprise de promouvoir un jeune à la place d'un élément expérimenté. Mais donner plus de responsabilités à de jeunes éléments brillants peut être un stratégie payante.

5. Laisser s'exprimer les fortes personnalités

C'est ce qui frappe le plus dans le documentaire de TF1: l'omniprésence du milieu de terrain Paul Pogba dans le vestiaire. Alors qu'il n'est même pas capitaine, le milieu de terrain de 25 ans prend la parole, motive les troupes, donne des consignes. Evidemment c'est le coach qui a la primauté de la prise de parole mais il laisse une grande autonomie à son vestiaire en s'absentant et en laissant s'exprimer les fortes personnalités qui jouent sur le terrain. Il n'a pas peur de la concurrence ou de l'ombre que pourrait lui faire son joueur. Au contraire, sûr de son autorité, il s'efface pour laisser les autres s'exprimer. Mais à la fin, c'est lui qui tranche et décide.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco