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Une nouvelle rentrée sous le couperet des suppressions de postes

Enseignants et syndicats s'inquiètent des conséquences de suppressions de postes "suicidaires" pour la prochaine rentrée scolaire, particulièrement dans le secondaire où l'on décompte près de 80.000 élèves de plus pour 4.800 professeurs de moins. /Photo d

Enseignants et syndicats s'inquiètent des conséquences de suppressions de postes "suicidaires" pour la prochaine rentrée scolaire, particulièrement dans le secondaire où l'on décompte près de 80.000 élèves de plus pour 4.800 professeurs de moins. /Photo d - -

par Sophie Louet PARIS (Reuters) - Enseignants et syndicats s'inquiètent des conséquences de suppressions de postes "suicidaires" pour la...

par Sophie Louet

PARIS (Reuters) - Enseignants et syndicats s'inquiètent des conséquences de suppressions de postes "suicidaires" pour la prochaine rentrée scolaire, particulièrement dans le secondaire où l'on décompte près de 80.000 élèves de plus pour 4.800 professeurs de moins.

Pressés de faire autant avec moins, les chefs d'établissement estiment que les élèves les plus défavorisés paieront les premiers la facture des choix gouvernementaux qui seront l'un des enjeux de la campagne présidentielle.

"C'est inédit : il y a plus de quinze ans que le second degré n'est pas confronté à une telle augmentation d'effectifs d'élèves parallèlement à des suppressions importantes de postes. Ça ne peut que coincer", souligne Daniel Robin, co-secrétaire du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées.

Après 50.000 suppressions de postes entre 2007 et 2010, le gouvernement en a programmé 16.000 pour cette rentrée avant 14.000 en 2012, soit au total 80.000.

Selon un décompte du Snes-FSU, 79.536 élèves de plus feront le 5 septembre leur entrée dans le secondaire - un effet du "mini baby-boom" de l'an 2000 - avec 4.800 enseignants de moins.

"Les mathématiques sont implacables. Vous augmentez le nombre d'élèves, vous diminuez le nombre de profs, il n'y a pas 36 solutions : la première, c'est d'augmenter les effectifs par classe, la seconde, c'est de supprimer des enseignements", explique Daniel Robin à Reuters.

"TENSIONS INSUPPORTABLES"

Selon une enquête du Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale (SNPDEN), menée en mars 2011 auprès de 1.501 collèges et lycées et intitulée "A quel prix les établissements vont-ils payer la rentrée techniquement réussie?", les heures supplémentaires flambent et ne reposent que sur la bonne volonté des enseignants.

"Il y a même des académies où dans certaines disciplines - lettres modernes, mathématiques - où le volant de titulaires remplaçants est de zéro car on les utilise dès la rentrée pour l'ensemble de l'année", relève Daniel Robin. "Donc un prof qui tombe malade ne sera pas remplacé".

En raison des ajustements auxquels les chefs d'établissement sont contraints, des enseignements optionnels, comme les langues, les disciplines artistiques, mais aussi des dispositifs d'aide personnalisée vont être supprimés ou réduits.

"Le ministère insiste avec raison sur l'importance des systèmes qualitatifs d'aide individuelle, mais c'est justement ce type de choses qui est sacrifié en premier par les établissements pour pouvoir boucler leur rentrée", rapportait lundi Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, lors d'une conférence de presse.

Ainsi l'Unsa-Education note que 1.200 postes d'assistants de langue vont disparaître alors que le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, met l'accent sur l'apprentissage des langues étrangères.

"Si l'affichage en termes de 'classes' paraît être maintenu, ce sera notamment au détriment de l'enseignement spécialisé, donc des élèves en situation de handicap ou en difficultés scolaires lourdes", déclare le syndicat dans un communiqué.

Les suppressions de postes, affirme-t-il, "aggraveront des tensions déjà insupportables".

DES ÉLÈVES PLUS EXIGEANTS

Au ministère de l'Education, on met en avant la baisse du nombre d'élèves depuis 15 ans - 500.000 en moins - alors que 35.000 postes d'enseignants ont été créés.

"Je comprends l'argument", répond Daniel Robin. "Le problème, c'est que depuis 20 ans, la population scolaire dans le second degré a profondément changé. Ce sont des élèves qui demandent plus d'attention, et donc plus de chair et de moyens humains".

Dans le primaire, 1.500 fermetures de classe étaient prévues à la rentrée. Nicolas Sarkozy a annoncé en juin dernier un moratoire sur les fermetures à la rentrée 2012.

Les fédérations et syndicats de l'Education nationale appellent à une journée de grèves et de manifestations le 27 septembre contre les suppressions de postes.

"La politique qui consiste à supprimer des emplois alors que l'on sait que pendant les quinze années qui viennent, on aura de 30 à 50.000 élèves par an de plus à accueillir, c'est du suicide", juge Daniel Robin.

Edité par Yves Clarisse