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Emploi

Une entreprise veut baisser le temps de travail et les salaires de ses ouvriers

« On va finir par travailler en deux huit dans une fonderie au Smic ! », lance, en colère, un représentant CGT à la Fonderie du Poitou.

« On va finir par travailler en deux huit dans une fonderie au Smic ! », lance, en colère, un représentant CGT à la Fonderie du Poitou. - -

« Travailler moins pour gagner moins ». Pour assurer l'avenir de son site d’Ingrandes-sur-Vienne, la Fonderie du Poitou, propriété du groupe français Montupet, veut réduire la semaine de travail de ses ouvriers, de 3,5 heures, et leurs salaires, de 15%. Dénonçant cette alternative à un plan social, les salariés ont saisi la justice.

Un âpre conflit social se prépare à la Fonderie du Poitou aluminium, rachetée en 2009 à un fonds d'investissement allemand par l'équipementier automobile français Montupet. L'entreprise, qui compte 480 personnes dont 400 ouvriers, a annoncé son intention de réduire les salaires des ouvriers de 15% et de faire passer la semaine de travail de 38,5 à 35 heures. Des mesures qu'elle juge indispensables pour assurer l'avenir du site, situé à Ingrandes-sur-Vienne, dans la Vienne. Le comité d'entreprise (CE) de la fonderie a assigné sa direction devant les tribunaux afin de faire annuler cette décision.

« Leur objectif ? Fermer l’entreprise ! »

Pour qu’une telle décision soit légale, il y a deux solutions : soit la direction passe par un accord conventionnel avec les syndicats – ce qui est peu probable car les syndicats le refusent –, soit elle passe en force dans le cadre d'une modification unilatérale des contrats de travail des salariés. En clair, les ouvriers recevront fin septembre un avenant à leur contrat de travail. S’ils ne font rien, c’est qu’ils acceptent la baisse de salaire. S’ils la refusent, ils devront dénoncer individuellement ce nouveau contrat par un courrier recommandé. Et à en croire les syndicats, la plupart ne signeront pas cet avenant.
« Si plus de la moitié renvoient leur contrat signé, qu’est-ce qui se fait ? Ils licencient tout le monde ? », interroge Jean-Jacques Cottier, délégué syndical FO, persuadé que les intentions du groupe Montupet sont en réalité « de fermer l’entreprise ».

« Ils ne veulent pas faire de plan social, parce que ça coûte des ronds ! »

Et pour Tony Garrot, représentant CGT à la Fonderie du Poitou, pas question non plus de signer ce nouveau contrat de travail : « C’est une grosse arnaque : il y a les 15% qu’on va nous enlever sur le salaire + le passage de 38,5 à 35 heures ; au final, ils vont nous enlever 23% sur nos salaires. On va finir par travailler en deux huit [ndlr, 2 équipes se succèdent pour chacune 8 heures de travail] dans une fonderie au Smic. Une majorité des salariés a dit qu’ils ne signeront pas l’avenant au contrat. Evidemment ils ne veulent pas faire de plan social, puisque ça coûte des ronds ! S’ils veulent fermer, qu’ils en fassent un, cadré, et on en parle plus ! ».

« Soit on vire le groupe Montupet, soit il nous vire ! »

Soulignant que « cette mesure n’est applicable qu’aux ouvriers, la direction ne touchant pas aux salaires des cadres et techniciens », Jean-Yves Huet, délégué CGT à la Fonderie du Poitou, ne cache pas sa colère : « Vous connaissez quelqu’un qui accepte de travailler pour moins, à faire la même chose ? On n’a pas le choix, on n’a pas passé 30 ans dans une boutique pour revenir en dessous du Smic ! Pour nous, c’est clair, soit on vire le groupe Montupet, soit il nous vire ! ».

Le site est fermé depuis le 29 juillet et un CE extraordinaire est prévu le 2 septembre. Lors de la reprise du travail le 29 août, les syndicats se réservent la possibilité d'entamer « une grève dure ».

La Rédaction, avec Hugo Perrier