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Emploi

Un salarié se suicide après la fermeture de son usine

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Un salarié de 53 ans s'est suicidé lundi après l'échec du projet de reprise de son entreprise dans la Sarthe, suscitant une vive émotion dans la région. Ses anciens collègues s'inquiètent : "Il faut souhaiter qu’il n’y ait pas d’autres personnes qui en viennent à mettre fin à leur vie".

Basée à Bessé-sur-Braye dans la Sarthe, la société Colwell, qui fabrique des nuanciers, avait été placée en liquidation judiciaire en mars. Un repreneur breton, Edicolor, avait racheté les machines en annonçant reprendre 45 salariés sur 74. Mais vendredi dernier, les salariés apprennent que le projet est abandonné. L’un d’eux, 53 ans et père de deux enfants, avait travaillé toute sa vie dans cette entreprise. Il avait effectué un stage de formation de 4 jours chez Edicolor dans l'espoir d'être repris, mais un courrier l'a informé dès le 20 juin que ça ne serait pas le cas : il a mis fin à ses jours lundi dernier. Ce suicide a bouleversé toute la commune de Bessé-sur-Braye, et même au-delà. Une cellule de soutien psychologique a été mise en place pour les ex-salariés, partagés entre l'émotion et le ressentiment envers Edicolor.

« Beaucoup n’osent pas en parler, mais ils sont abimés »

Eric Duveau est un ancien salarié de Collwell, un collègue de celui qui s’est suicidé lundi : « C’est malheureux pour notre collègue, mais il faut surtout souhaiter qu’il n’y ait pas d’autres personnes qui en viennent à mettre fin à leur vie, parce qu’il y a des gens très fragiles. Il y en a beaucoup qui n’osent pas trop en parler mais sont abimés. Vous savez, dans le monde rural tel qu’il est, le fait de perdre son emploi nous amène à nous demander "qu’est ce qu’on va devenir ?". A cause de la manière dont ça s’est passé, il y en a pas mal qui sont sur le carreau. »

« C'est dégueulasse de jouer avec les gens de cette manière-là »

Jean-Marie Ravé est le maire adjoint aux affaires sociales de Bessé-sur-Braye. Au-delà du choix économique, il regrette les mensonges faits au salarié qui s’est donné la mort : « Le repreneur lui avait promis, devant témoin, qu’il reprendrait son poste, qu’il n’y aurait pas de souci, et qu’il aurait besoin de 45 salariés. S’il ne voulait reprendre que les machines, il fallait le dire, au moins ne pas leur écrire, car il a écrit à 45 personnes pour leur dire qu’il les reprendrait dans 8 ou 15 jours. On ne joue pas avec les gens de cette manière-là, c’est dégueulasse. »

La Rédaction, avec Victor Joanin