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Emploi

Un jeune sur trois touché par la discrimination au travail, selon le Défenseur des droits

37% des 18-34 ans ont déjà vécu une discrimination à l’embauche ou au travail

37% des 18-34 ans ont déjà vécu une discrimination à l’embauche ou au travail - Willis- 23P- Flickr- CC

Le dernier baromètre du Défenseur des Droits et de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) met en valeur la plus grande exposition des jeunes aux discriminations. Sujet auquel ils se montrent plus sensibles.

37% des 18-34 ans ont déjà vécu une discrimination à l’embauche ou au travail: le Défenseur des droits alerte, dans sa dernière publication, sur la forte exposition des plus jeunes.

C’est en effet bien plus que les 23% recensés pour l’ensemble de la population en 2020 par le même organisme. Neuf jeunes sur dix déclarent en outre avoir déjà connu une "situation de dévalorisation" (sous-estimation, pression à la productivité, ou tâches ingrates confiées).

Critères de discrimination les plus réguliers? Dans l’ordre, le sexe, l’âge, l’apparence physique et l’origine. Le fait d’avoir eu des enfants surexpose à également à des comportements inadaptés au travail. Et les discriminations se cumulent, estime le Défenseur des droits :

"Seules 0.1 % des victimes de discriminations ou de harcèlement discriminatoires l’ont été sans mentionner d’autres faits de dévalorisation ou d’hostilité."

Les jeunes sont d’autant plus exposés qu’ils sont plus sensibles à ces faits de micro-agression. Ils tendent à percevoir les discriminations ailleurs que dans les seules sphères de l’emploi et du logement, souvent citées seules. La recherche d’emploi, par exemple, est bien plus souvent décrite comme source de discrimination par les 18-34 ans.

Un impact professionnel et personnel

Les recours restent encore trop irréguliers, souligne l’institution: 58% des jeunes victimes réagissent, prévenant en priorité l’encadrement et les syndicats. Mais 4 sur dix ne disent rien. Les femmes se taisent plus souvent (dans 51% des cas contre 33% pour les hommes), et un quart des victimes n’ont même pas conscience au départ qu’il s’agissait d’une discrimination.

Les conséquences décrites par les quelque 3201 personnes interrogées par l’OIT et le Défenseur des Droits sont pourtant importantes. 20% des cas se terminent en démission, et 15% en licenciement ou non-renouvellement de contrat, en plus des détériorations des relations de travail pour ceux qui conservent leur poste. Sur le plan psychologique, le Défenseur des droits note "des effets durables et néfastes". Un tiers des victimes subit des effets à long terme.

Un observatoire des discriminations

Face à ces effets et à l’ampleur des chiffres, l’organisme dirigé par Claire Hédon attire l’attention sur « l’insuffisante mobilisation des pouvoirs publics ». Il propose de pouvoir mieux mesurer les inégalités et les discriminations, notamment par la création d’un Observatoire des discriminations.

La mise en place de sanctions est particulièrement recommandée, par les juges et contre les organisations fautives, tout comme le renforcement des actions de groupe, et l’éducation contre les discriminations. Le Défenseur des Droits enjoint aux entreprises de mettre en place des enquêtes et des actions de prévention auprès des jeunes.

Valentin Grille