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Un employé sur cinq présente un risque de trouble psychique

Pour les salariés, travail valorisant, solidarité entre collègues et communication au travail comptent le plus.

Pour les salariés, travail valorisant, solidarité entre collègues et communication au travail comptent le plus. - StockSnap- CC

Le déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est le facteur le plus impactant vers la survenue de maladies mentales, selon une étude de la Fondation Pierre Deniker. Travailler plus de 50 heures par semaine ou bien ne plus avoir de bureau fixe est aussi un facteur de risque.

Vous les croisez tous les jours dans l'ascenseur, devant la machine à café, à la cantine, et vous vous contentez d'échanger un simple bonjour. Parmi tous ces collègues, un sur cinq présente une détresse "orientant vers un trouble mental", selon une enquête de la Fondation Pierre Deniker (1), un terme qui recouvre des pathologies comme la dépression, les troubles anxieux, le trouble obsessionnel compulsif, les troubles bipolaires, la schizophrénie mais aussi les addictions.

Certaines catégories d'actifs sont plus exposées, telles que les femmes (26%) plus que les hommes (19%). La prévalence est aussi plus élevée parmi les actifs travaillant plus de 50 heures par semaine (35% contre 21%), ceux sans bureau fixe (33% contre 22%), les personnes ayant un revenu annuel inférieur à 15.000 euros (30%), celles passant plus d'une heure et demie dans les transports (28%) et chez les actifs aidants de personnes handicapées ou en perte d'autonomie (28%). Le travail de nuit est aussi un facteur favorisant la survenue de ces troubles ( 29%) .

En croisant l'évaluation de la détresse psychique avec l'exposition aux facteurs de risques psychosociaux - travail valorisant ou non, solidarité entre collègues, soutien de la hiérarchie, harcèlement, confiance en l'avenir professionnel... -, l'étude a identifié le poids des principaux facteurs, au premier rang desquels l'équilibre vie professionnelle / vie personnelle, qui est le "plus impactant".

La solidarité entre collègues est un rempart

45% des actifs qui déclarent ne pas parvenir à mener de front les deux (15% des personnes interrogées) "présentent un haut risque de trouble psychique" contre 18% de ceux qui y parviennent, selon l'étude.

Le poids des différents facteurs varie selon les profils. Pour les salariés, travail valorisant, solidarité entre collègues et communication au travail comptent le plus. Pour les indépendants, c'est la confiance en l'avenir professionnel.

Par sexe, pour les femmes, l'importance d'avoir un travail valorisant influe davantage (46% de celles qui ne se sentent pas utiles présentent une détresse contre 20%). Pour les hommes, c'est la solidarité au travail (33% de ceux qui ne peuvent pas compter sur leurs collègues sont à haut risque contre 13%).

Sur la base de ces résultats, la Fondation Pierre Deniker en appelle aux pouvoirs publics pour "investiguer les liens de causalité entre troubles mentaux et facteurs de risques psychosociaux".

"Nous devons impérativement constituer des cohortes de plusieurs dizaines de milliers de personnes" pour disposer de données scientifiques, plaide le Professeur Raphaël Gaillard, président de la fondation et chef de pôle au sein du centre hospitalier Sainte-Anne à Paris.

(1) Enquête réalisée en ligne du 27 février au 6 mars auprès d'un échantillon représentatif de 3.200 actifs français selon la méthode des quotas.

C.C. avec AFP