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Emploi

« Travailler en Inde pour 320 euros » : offre d’emploi raisonnable ?

L'ANPE vient de proposer un contrat d'informaticien à Pondichery pour un salaire de 320 euros par mois. Tollé...

L'ANPE vient de proposer un contrat d'informaticien à Pondichery pour un salaire de 320 euros par mois. Tollé... - -

Une offre d’emploi affichée par l’ANPE fait polémique : aller travailler en Inde pour 320 euros mensuels en tant qu’informaticien.

Si vous êtes informaticien niveau bac + 2 au chômage et que vous avez envie de travailler 40 heures par semaine pour 320 euros par mois, et bien il y a un poste à pourvoir en Inde à Pondichery. Ce n'est pas une blague, l'annonce est affichée depuis le 23 Avril sur le site Internet de l'Agence Nationale Pour l'Emploi qui estime que si un cadre confirmé peut ne pas être interressé, un informaticien débutant peut toujours être tenté, lui, par une expérience à l'étranger.

Les syndicats crient au loup : « De qui se moque-t-on ? Si c'est ça la mondialisation des offres d'emploi , non merci » affirme-t-on à la CFTC par exemple, où l'on dénonce également le manque croissant de vérification des annonces avant publication, conséquence de la pression faite par la direction de l'ANPE pour faire du chiffre , pour que de plus en plus d'offres soient proposées au public. Le PS de son côté réclame le retrait de l'annonce et des excuses à l'ANPE. Le patron de l'ANPE Christian Charpy de son côté estime que le salaire proposé est convenable puisque selon lui il est 4 à 5 fois plus important qu'un salaire moyen en Inde.

« C'est une misère »

Valentin est franco indien et vit à Paris. Il vient de louer sa maison de Pondichéry pour 320 euros par mois, exactement le salaire proposé dans l'annonce de l'ANPE. Selon lui, « pour un jeune français qui se déplace là-bas, un salaire de 320 euros, c'est une misère. Le niveau de vie a considérablement augmenté à Pondichéry. Là-bas, un informaticien est payé entre 1 000 et 1 500 euros pour démarrer quand il est indien. C'est un salaire de départ. Pour un français qui part là-bas, qui doit payer une location et manger sur place, il faut un salaire de 1 500 euros pour être confortable ».

Jacqueline La Blanche, déléguée CFTC à l'ANPE, dénonce cette offre d'emploi à bas prix d'autant que de nombreux élements n'apparaissent pas. Par exemple, elle explique qu'on ne sait pas « qui paye le trajet pour aller en Inde ? Ce n'est pas précisé dans l'offre. Quelle est la période d'essai ? On n'a aucune information. Si cette période d'essai n'est pas concluante, qui va payer le trajet du retour ? Toutes ces questions sont lourdes. Ce n'est pas des boîtes de conserves mais des êtres humains en face de nous. Les agents de l'ANPE ne se posent plus la question de la qualité de l'offre d'emploi, ils ne pensent qu'à faire du chiffre ».

La rédaction et Christophe Bordet