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Emploi

Temps de travail, rémunérations, retraites, droit à la déconnexion: les cadres affichent leur malaise

Malgré un contexte favorable, les inquiétudes des cadres sont multiples selon une étude.

Sur le papier tout va bien. La demande pour les cadres n'a jamais été aussi forte en France tandis que les rémunérations augmentent. Mais pour cette profession, le compte n'y est pas et les inquiétudes sont nombreuses et variées.

Selon une étude menée par Viavoice auprès d'un échantillon représentatif de 1000 cadres pour l'Union générale des ingénieurs, techniciens et cadres CGT et le groupe Alpha, la charge de travail pèse de plus en plus.

Ainsi, 42% des cadres interrogés disent travailler plus de 45 heures par semaine (et 20% plus de 49 heures), une augmentation de 5 points par rapport à 2021.

Plus de 45 heures par semaine pour presque 1 cadre sur 2

Ce temps de travail élevé est particulièrement marqué chez les hommes qui sont 47% à travailler plus de 45 heures par semaine.

54% des cadres disent travailler fréquemment durant leurs jours de repos, c’est le cas de 71% des agents de la Fonction publique et de 59% des femmes dont le temps est plus fragmenté.

58% des cadres (et 60% des femmes) estiment que leur charge de travail a augmenté depuis l’année dernière.

Conséquence assez mécanique, la première priorité des cadres reste l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle pour 71% d’entre eux, une aspiration particulièrement marquée chez 74% des femmes. 

"Le gain de temps de transport (généré par le télétravail) est absorbé par la charge de travail qui est en forte augmentation et par des horaires de travail qui sont moins encadrés. Ceci confirme la nécessité d’encadrer le télétravail, de disposer d’un droit à la déconnexion effectif et de mettre fin aux forfaits jours sans décompte horaire" commente le syndicat.

Autre sujet d'inquiétude, les rémunérations. 52% estiment qu'elle n’est pas en adéquation avec leur temps de travail réel (c’est le cas de 58% des femmes et de 62% des fonctionnaires) et 53% qu'elle n’est pas en adéquation avec leur charge de travail (c’est le cas de 61% des femmes et de 65% des fonctionnaires).

Tentation forte de se syndiquer

Une problématique évidemment renforcée par l'inflation. Du coup, 73% des cadres (et 80% des femmes cadres) estiment que leur pouvoir d’achat a baissé en un an malgré les augmentations consenties par les employeurs.

Ainsi, lorsqu’on les interroge sur leurs trois priorités dans le cadre de leur vie professionnelle, 67% des cadres citent les salaires, soit 14 points de plus qu’en 2021.

La réforme des retraites en perspective semble également devenir un sujet d'angoisse pour cette profession. 82% des cadres souhaitent une réforme des retraites garantissant une pension au moins égale à 75% du salaire de fin de carrière et 56% souhaitent une réforme des retraites qui rétablisse l’âge de départ à 60 ans avec une prise en compte des années d’études. Une aspiration très marquée chez 66% des femmes mais qui est parfaitement à contre-courant de la réforme qui vise justement à augmenter l'âge de départ.

Caricature individualiste

53% des cadres considèrent que cette réforme devrait être financée par la mise à contribution des dividendes.

Autant de sujets qui inciteraient les cadres à s'impliquer voire à se syndiquer, avance le sondage "contrairement à la caricature individualiste souvent entretenue" souligne la CGT. Ainsi, 48% des cadres sont prêts à manifester pour défendre leur retraite et 37% pour gagner une augmentation de leur salaire.

42% se disent prêts à faire grève pour défendre leur retraite et 35% pour gagner une augmentation de leur salaire. Et 38% sont prêts à se syndiquer. Rappelons que selon les chiffres de la Dares, 11,2% des cadres sont syndiqués contre une moyenne toutes professions confondues de 10,3% (chiffres de 2019).

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business