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Santé mentale au travail: près d'un salarié sur deux se déclare en détresse psychologique

La proportion des salariés de plus de 60 ans se trouvant en détresse psychologique a augmenté de 32 points par rapport à février dernier. Avec les femmes, les managers et les moins de 29 ans font partie des salariés les plus "à risque".

La santé mentale des travailleurs continue à se dégrader. Près d'un salarié sur deux (48%) déclare être en détresse psychologique, selon le baromètre du cabinet de conseil Empreinte Humaine* sur l'état psychologique des salariés réalisé par Opinion Way et publié ce jeudi 23 novembre. C'est quatre points de plus qu'en février 2023 et sept points de plus qu'en mars 2022.

"Tous les indicateurs de santé mentale au travail que nous mesurons depuis 2020 se dégradent", pointe Christophe Nguyen, le fondateur du baromètre.

17% se considèrent en détresse psychologique élevée et 70% attribuent leur mal-être au moins partiellement au travail.

Les jeunes et les plus de 60 ans davantage concernés

Les salariés de moins de 29 ans représentent une des classes d'âge les plus vulnérables puisque 55% d'entre eux sont en détresse psychologique. Mais les salariés de plus de 60 ans sont encore plus nombreux à se trouver dans cet état: 60% sont concernés, en hausse de 32 points depuis le début d'année. Cette tendance très marquée pour cette classe d'âge pourrait s'expliquer par l'allongement de l'âge de départ à la retraite et signifier que cette réforme a eu un effet très négatif sur la santé des travailleurs seniors.

La proportion de salariés en détresse psychologique a également fortement augmenté (+8 points) chez les managers. Enfin, les femmes salariées font également partie des catégories les plus touchées par les troubles mentaux au travail puisqu'elles sont 53% à être dans ce cas. En ce sens, les jeunes, les femmes, les managers et les plus de 60 ans apparaissent ainsi comme les groupes de salariés "les plus à risque".

12% des salariés en burn-out sévère

Le cabinet s'est également intéressé, dans cette étude, à une forme particulière de la détresse psychologique: le burn-out ou syndrome d'épuisement professionnel. Selon ces travaux, un tiers des salariés sont considérés en burn-out, dont 12% en état de burn-out sévère, selon un questionnaire scientifique reconnu mondialement et utilisé dans cette étude. La proportion de salariés en burn-out a augmenté de six points par rapport à février 2023.

Une des conséquences de l'essor de ces difficultés psychologiques pour les salariés est que près de 40% des arrêts maladie sont liés à la santé mentale. Dans le détail, 20% des arrêts maladie sont motivés par le besoin de récupérer psychologiquement d'un travail trop intense tandis que le motif est d'ordre psychologique pour encore 19% d'entre eux.

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La prévention des risques psychosociaux en cause

Face à cela, sept entreprises sur dix estiment que leur entreprise ou leur organisation devrait en faire plus matière de prévention des risques psychosociaux. Preuve de son importance, cette prise en compte des risques psychosociaux est perçue comme une qualité indispensable pour être manager par huit salariés sur dix. Or, huit salariés sur dix estiment que les dirigeants manquent d'intérêt sur ce sujet.

Parmi les autres raisons de ce déficit de prévention perçu par les salariés, figure la formation des managers puisque trois salariés sur quatre estiment qu'ils n'ont pas les compétences nécessaires. Ils sont la même proportion à juger que les objectifs stratégiques de leur entreprise sont opposés au bien-être des salariés.

Enfin, la détresse psychologique apparaît en plus grande proportion chez les salariés qui télétravaillent. Parmi ceux qui ne travaillent jamais au bureau, 47% se trouvent dans cet état. Tandis que cette proportion atteint 36% chez ceux qui alternent entre le bureau et leur domicile.

Outre la surreprésentation des cadres et des managers parmi les salariés qui travaillent à distance, le délitement du collectif semble être un autre facteur d'explication de la fréquence des troubles de la santé mentale chez ces travailleurs.

*Le sondage a réalisé entre le 17 et le 27 octobre 2023 auprès d'un panel représentatif de 2004 salariés français.

Nina Le Clerre